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une bonne marque lorsqu’un cheval trépigne, qu’il bat du pié, & mange avidement son avoine. Les balzanes sont de bonnes marques dans un cheval. Il se dit plus particulierement de la marque noire appellée germe de feve, qui lui vient à l’âge d’environ cinq ans, dans les creux des coins, & qui s’efface vers les huit ans, & alors on dit qu’ils ne marquent plus & qu’ils rasent.

Marque est aussi un instrument de haras qu’on applique tout rouge sur la cuisse d’un cheval, pour qu’il s’y imprime mieux.

Marque, (Imprimerie.) les compagnons imprimeurs nomment marque, un pli qu’ils font à une feuille de papier, de dix mains en dix mains. Cette marque leur sert à compter le papier qu’on leur donne à tremper, & leur fait connoître ce qu’ils peuvent avoir imprimé & ce qui leur reste à imprimer du nombre desiré.

Marque, (Rubanier.) est un fil de chaîne, de couleur apparente, & différente de la soie de chaîne, & qui doit continuer tout le long de l’ouvrage sur une des lisieres, pour faire voir qu’il est tramé de fil, quoique travaillé sur soie, ou tramé de soie, quoique sur chaîne de fil. L’ouvrage dépourvu de cette marque est dans le cas de la prohibition, & conséquemment saisissable, & l’ouvrier puni.

Marque, (Coutelier.) se dit aussi par quelques ouvriers en fer, d’un morceau d’acier trempé, à l’extrémité duquel on a gravé un objet quelconque en relief, que l’ouvrier imprime en quelqu’endroit de la piece, à froid ou à chaud, & qui y reste après qu’elle est achevée. Chaque particulier a sa marque. Il est défendu de travailler à la marque d’un autre. Cette marque désigne l’ouvrier. Si son ouvrage est bon, il achalande sa boutique & sa marque ; & lorsqu’il vient à mourir, sa marque se vend quelquefois une somme assez considérable. On dit que les ouvriers couteliers de Paris s’acharnent à décrier la coutellerie des provinces qu’on apporte ici, & que pour cet effet ils ruinent & gâtent l’ouvrage au raccommodage. Les provinciaux n’ont qu’une ressource contre cette méchanceté, c’est de prendre la marque des ouvriers de Paris, afin de confondre la marchandise qu’ils vendent dans leur boutique, avec celle qu’ils envoient ici.

MARQUEFAVE, (Géog.) petite ville de France dans le haut-Languedoc, au diocèse de Rieux. Il y a un couvent d’Augustins, & un prieuré de l’ordre de Fontevraud. Long. 18. 50. lat. 36. 10.

MARQUER, v. act. (Gramm.) c’est imprimer un signe, une marque. Voyez l’article Marque.

Marquer, (Comm.) signifie appliquer ou mettre une marque artificielle à une chose pour la reconnoître. Les marchands marquent leurs ballots de marchandises, leurs bois, leurs bestiaux, leurs étoffes, &c. Voyez Marque.

Marquer signifie aussi faire une marque, une empreinte par autorité publique : ainsi l’on dit, marquer la monnoie, marquer la vaisselle d’or ou d’argent au poinçon de la ville. On marque l’étain fin par-dessous, & l’étain commun par-dessus l’ouvrage.

Les commis des aides vont marquer les vins dans les caves & celliers pour la sûreté des droits du roi. Les manufacturiers & ouvriers doivent faire marquer leurs étoffes d’or, d’argent, de soie, de laine, &c. dans les bureaux, halles & autres lieux où les maîtres, jurés, gardes ou ergards des corps & communautés en doivent faire la visite. Dans ce dernier sens, on dit plomber & ferrer les étoffes, ce qui signifie la même chose que marquer. Dictionnaire du commerce.

Marquer, en terme de Boutonnier, c’est imprimer la marque des quatre pointes au milieu du moule,

pour y faire les quatre trous destinés à recevoir la corde à boyau. Voyez les Pl.

Marquer, (Coutelier.) Voyez l’article Marque.

Marquer, (Maréchal.) se dit d’un cheval dont on connoît encore l’âge aux dents ; on dit ce cheval marque encore. Marquer un cheval, c’est lui appliquer la marque sur quelque partie du corps. Voyez Marque.

Marquer ou Tracer, (Menuisier.) c’est chez les Menuisiers, Charpentiers, ou autres artistes semblables, tirer des lignes sur une planche ou une piece de bois, pour que le compagnon la coupe suivant ce qu’elle est tracée. On dit tracer sur une planche les irrégularités d’un mur. Cela se fait facilement en présentant la rive d’une planche de bout contre le mur, ou la piece dont vous voulez avoir le courbe ou le défaut ; de sorte qu’elle forme un angle avec la dite face ; puis vous prenez un compas ouvert, suivant la plus grande distance qui se trouve entre la rive de votre planche & la face dont vous voulez avoir l’irrégularité ; ensuite, commençant par le haut, il faut porter une des pointes contre la face irréguliere ; & l’autre pointe sur votre planche : la pointe qui porte sur la planche tracera, la conduisant en descendant la pointe contre le mur irrégulier, l’irrégularité de votre piece ou muraille, & par ce moyen vos pieces se joindront parfaitement.

Marquer, terme de paumier, c’est compter le jeu des joueurs, soit au billard ou à la paume. Le jeu se marque à la paume en faisant sur le carreau une raie de droite à gauche avec de la craie : on en fait une autre perpendiculaire à la premiere ; & des deux côtés de celle-ci, on marque autant de barres que les joueurs ont de jeu.

Au billard, les points de chaque joueur se marquent sur une espece de palette de bois percée de deux rangées de trous de 16 trous chacune.

MARQUETERIE, s. f. (Art méchaniq.) Sous le nom de marqueterie, l’on entend l’art d’assembler proprement & avec délicatesse des bois, métaux, verres, & pierres précieuses de différentes couleurs, par plaques, bandes & compartimens, sur d’autres beaucoup plus communs, pour en faire des meubles, bijoux, & tout ce qui peut contribuer à l’embellissement des appartemens. Il en est de trois sortes : la premiere consiste dans l’assemblage des bois rares & précieux de différentes especes, des écailles, ivoires & autres choses semblables, quelquefois par compartimens de bandes d’étain, de cuivre, & autres métaux, sur de la menuiserie ordinaire, non seulement pour en faire des armoires, commodes, bibliotheques, bureaux, secrétaires, guéridons, tables, écritoires, piés & boîtes de pendules, piédestaux, escablons pour porter des antiques, consoles & tablettes propres à déposer des porcelaines, bijoux, &c. mais aussi pour des lambris, plafonds, parquets, & tout ce qui peut servir d’ornement aux plus riches appartemens des palais & autres maisons d’habitation ; la seconde, dans l’assemblage des émaux & verres de différentes couleurs ; & la troisieme, dans l’assemblage des pierres & marbres les plus précieux, qu’on appelle plus proprement mosaïques, voyez cet article. Ceux qui travaillent à la premiere espece de marqueterie se nomment Menuisiers de placage, parce qu’outre qu’ils assemblent les bois comme les Menuisiers d’assemblage, ils les plaquent par-dessus de feuilles très-minces de bois de différente couleur, & les posent les uns contre les autres par compartiment avec de la colle forte, après les avoir taillés & contournés avec la scie, fig. 75. suivant les desseins qu’ils veulent imiter. On les appelle encore Ebénistes, parce qu’ils emploient le plus souvent des bois d’ébene. Ceux qui travaillent à la seconde sont appellés Emailleurs,