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fondre de la gomme arabique. Quand on s’en est servi, on polit l’ouvrage avec une dent de loup.

* AUSBOURG, ville d’Allemagne, capitale du cercle de Souabe, entre la Werdach & la Lech. Long. 28. 28. lat. 48 24.

Ausbourg, (Confession d’) Théol. formule ou profession de foi présentée par les Luthériens à l’empereur Charles V. dans la diete tenue à Ausbourg en 1530.

Cette confession avoit été composée par Melanchton, & étoit divisée en deux parties, dont la premiere contenoit 21 articles sur les principaux points de la religion. Nous allons les rapporter sommairement. Dans le premier on reconnoissoit de bonne foi ce que les quatre premiers conciles généraux avoient décidé touchant l’unité d’un Dieu & le mystere de la Trinité. Le second admettoit le peché originel, de même que les Catholiques, excepté que les Luthériens le faisoient consister tout entier dans la concupiscence & dans le défaut de crainte de Dieu & de confiance en sa bonté. Le troisieme ne comprenoit que ce qui est renfermé dans le symbole des apôtres touchant l’incarnation, la vie, la mort, la passion, la resurrection de J. C. & son ascension. Le quatrieme établissoit contre les Pélagiens, que l’homme ne pouvoit être justifié par ses propres forces : mais il prétendoit contre les Catholiques, que la justification se faisoit par la foi seule, à l’exclusion des bonnes œuvres. Le cinquieme étoit conforme aux sentimens des Catholiques, en ce qu’il disoit que le Saint-Esprit est donné par les sacremens de la loi de grace : mais il différoit d’avec eux en reconnoissant dans la seule foi l’opération du Saint-Esprit. Le sixieme, avoüant que la foi devoit produire de bonnes œuvres, nioit contre les Catholiques que ces bonnes œuvres servissent à la justification, prétendant qu’elles n’étoient faites que pour obéir à Dieu. Le septieme vouloit que l’Eglise ne fût composée que des seuls élûs. Le huitieme reconnoissoit la parole de Dieu & les sacremens pour efficaces, quoique ceux qui les conferent soient méchans & hypocrites. Le neuvieme soûtenoit contre les Anabaptistes la nécessité de baptiser les enfans. Le dixieme concernoit la présence réelle du corps & du sang de J. C. dans l’Eucharistie, que les Luthériens admettoient. Le onzieme admettoit avec les Catholiques la nécessité de l’absolution pour la rémission des pechés ; mais rejettoit celle de la confession. Le douzieme condamnoit les Anabaptistes qui soûtenoient l’inadmissibilité de la justice, & l’erreur des Novatiens sur l’inutilité de la pénitence : mais il nioit contre la foi catholique qu’un pécheur repentant pût mériter par des œuvres de pénitence la rémission de ses péchés. Le treizieme exigeoit la foi actuelle dans tous ceux qui reçoivent les sacremens, même dans les enfans. Le quatorzieme défendoit d’enseigner publiquement dans l’Eglise, ou d’y administrer les sacremens sans une vocation légitime. Le quinzieme commandoit de garder les fêtes & d’observer les cérémonies. Le seizieme tenoit les ordonnances civiles pour légitimes, approuvoit les magistrats, la propriété des biens, & le mariage. Le dix-septieme reconnoissoit la résurrection, le jugement général, le paradis & l’enfer, & condamnoit les erreurs des Anabaptistes sur la durée finie des peines de l’enfer, & sur le prétendu regne de J. C. mille ans avant le jugement. Le dix-huitieme déclaroit que le libre arbitre ne suffisoit pas pour ce qui regarde le salut. Le dix-neuvieme, qu’encore que Dieu eût créé l’homme & qu’il le conservât, il n’étoit, ni ne pouvoit être, la cause de son peché. Le vingtieme, que les bonnes œuvres n’étoient pas tout-à-fait inutiles. Le vingt-unieme défendoit d’invoquer les S S. parce que c’étoit, disoit-il, déroger à la médiation de Jesus-Christ.

La seconde partie qui concernoit seulement les cérémonies & les usages de l’Eglise, que les Protestans traitoient d’abus, & qui les avoient obligés, disoient-ils, à s’en séparer, étoit comprise en sept articles. Le premier admettoit la communion sous les deux especes, & défendoit les processions du saint Sacrement. Le second condamnoit le célibat des prêtres, religieux, religieuses, &c. Le troisieme excusoit l’abolition des messes basses, ou vouloit qu’on les célébrât en langue vulgaire. Le quatrieme exigeoit qu’on déchargeât les fideles du soin de confesser leurs péchés, ou du moins d’en faire une énumération exacte & circonstanciée. Le cinquieme combattoit les jeûnes & la vie monastique. Le sixieme improuvoit ouvertement les vœux monastiques. Le septieme enfin établissoit entre la puissance ecclésiastique & la puissance séculiere, une distinction qui alloit à ôter aux ecclésiastiques toute puissance temporelle.

Telle fut la fameuse profession de foi des Luthériens qui ne la soûtinrent pas dans tous ses points tels que nous venons de la rapporter ; mais qui l’altérerent & varierent dans plusieurs, selon les conjonctures & les nouveaux systèmes que prirent leurs docteurs sur les différens points de doctrine qu’ils avoient d’abord arrêtés. En effet, elle avoit été publiée en tant de manieres, & avec des différences si considérables à Wittemberg & ailleurs, sous les yeux de Melanchton & de Luther ; que quand en 1561 les Protestans s’assemblerent à Naümbourg pour en donner une édition authentique, ils déclarerent en même tems que celle qu’ils choisissoient n’improuvoit pas les autres, & particulierement celle de Wittemberg faite en 1540. Les autres sacramentaires croyoient même y trouver tout ce qui les favorisoit ; c’est pourquoi les Zuingliens, dit M. Bossuet, l’appelloient malignement la boîte de Pandore, d’où sortoit le bien & le mal ; la pomme de discorde entre les déesses ; un grand & vaste manteau où Satan se pouvoit cacher aussi-bien que Jesus-Christ. Ces équivoques & ces obscurités, où tout le monde pensoit trouver son compte, prouvent que la confession d’Ausbourg étoit une piece mal conçûe, mal digérée, dont les parties se démentoient & ne composoient pas un système bien uniforme de religion ; Calvin feignoit de la recevoir pour appuyer son parti naissant ; mais dans le fond il en portoit un jugement peu favorable. Voyez M. Bossuet, Hist. des variat. tome II. page 394. & tome I. page 59. Hist. ecclésiast. pour servir de continuation à celle de M. Fleury, tome XXVII. liv. CXXXIII. page 144. & suiv. (G)

* AUSE, (Géog.) riviere de France, en Auvergne, où elle a sa source ; elle passe à S. Anthem, à Pont-Château, à Marignac ; reçoit le Joro, l’Artier, &c. & se joint à l’Allier.

* AUSEN, s. m. (Hist. mod.) nom que les Goths donnoient à leurs généraux ; il signifioit demi-dieu, ou plus qu’homme ; & on ne l’obtenoit que par des victoires.

* AUSES, s. m. pl. (Géog. & hist. anc.) peuples d’Afrique, dont Hérodote fait mention liv. VIII. Il dit qu’ils avoient presque tous le visage couvert de leurs cheveux ; que leurs filles armées de pierres & de bâtons, combattoient entr’elles une fois l’an, en l’honneur de Minerve ; que celles qui restoient vaincues, ou qui perdoient la vie dans le combat, passoient pour avoir perdu leur virginité, & qu’on promenoit sur un char les victorieuses, autour du lac Tritonnien.

* AUSITIDE, (Géog. sainte.) ou terre de Hus, dans l’Arabie heureuse ; les uns prétendent que ce fut-là que la patience de Job fut mise à l’épreuve ; d’autres que ce fut dans l’Arabie déserte près de la Chaldée.

AUSPICE, s. m. (Hist. anc.) espece d’augure chez les anciens ou de divination par le chant & le vol des oiseaux. Pline en attribue l’origine à Tirésias qui ap-