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Sous le regne de Ptolemée Philadelphe, parut Phanethon, dont il nous reste un ouvrage, que Jacques Gronovius fit imprimer à Leyde en 1698. Eratosthene fut appellé d’Athènes à Alexandrie par Ptolemée Evergete. Il s’appliqua beaucoup à l’Astronomie relativement à la Géographie : il fixa la distance de la terre au soleil & à la lune, détermina la longitude d’Alexandrie & de Syene, qu’il jugeoit être sous le même méridien ; & ayant calculé la distance d’une de ces deux villes à l’autre, il osa mesurer la circonférence de la terre, qu’il fixa entre 250000 & 252000 stades.

Conon qui vivoit sous les Ptolemées Philadelphe & Evergete, fit plusieurs observations sur les éclipses de soleil & de lune ; & il découvrit une constellation qu’il nomma chevelure de Berenice : Callimaque en fit un poëme, duquel nous avons la traduction par Catulle. Mais à la tête de tous ces Astronomes, on doit placer Hipparque qui entreprit, pour me servir des expressions de Pline, un ouvrage si grand, qu’il eût été glorieux pour un Dieu de l’avoir achevé ; rem etiam deo improbam : c’étoit de nombrer les étoiles, & de laisser, pour ainsi dire, le ciel à la postérité comme un héritage. Il calcula des éclipses de lune & de soleil, pour six cents ans ; & ce fut sur ses observations que Ptolomée établit son fameux traité, intitulé μεγαλὴ σύνταξις. Hypparque commença à paroître dans la cent cinquante-quatrieme olympiade ; il commenta les phénomenes d’Aratus, & il a montré en quoi cet auteur s’étoit trompé.

Les plus illustres Astronomes qui sont venus ensuite, ont été Géminus de Rhode, dans l’olympiade 178 ; Théodore Tripolitain ; Sosigenes, dont César se servit pour la réformation du calendrier ; Andromaque de Crete ; Agrippa Bithynien dont parle Ptolomée, Liv. VII, chap. iij. Ménelaüs sous Trajan ; Théon de Smyrne ; & enfin Claude Ptolomée, qui vivoit sous Marc Aurele, & dont les ouvrages ont été jusqu’aux derniers siecles le fondement de toute l’Astronomie, non-seulement parmi les Grecs, mais encore parmi les Latins, les Syriens, les Arabes & les Persans. Il naquit à Peluse en Égypte, & fit la plus grande partie de ses observations à Alexandrie. Profitant de celles d’Hipparque, & des autres anciens Astronomes, il forma un système d’Astronomie, qui a été suivi pendant plusieurs siecles. Sextus Empiricus, originaire de Cheronée & neveu du fameux Plutarque, qui vivoit dans le même siecle, & qui dans les ouvrages qui nous restent de lui se moque de toutes les Sciences, n’a cependant osé s’attaquer à l’Astronomie. Bien plus, le cas qu’il en fait le porte à réfuter solidement les Chaldéens, qui abusant de l’Astronomie, la rendoient méprisable. Nous trouvons encore au deuxieme siecle Hypsicles d’Alexandrie, auteur d’un livre d’Astronomie qui nous reste.

On ne trouve pas que dans un assez long espace de tems, il y ait eu parmi les anciens Romains de grands Astronomes. Les défauts de l’année de Numa, & le peu d’ordre qu’il y eut dans le calendrier, jusqu’à la réformation de Jules César, doivent être regardés plûtôt comme un effet de l’incapacité des Pontifes, que comme une marque de leur négligence. L’an 580 de Rome, Sulpicius Gallus, dans la guerre contre les Perses, voyant les soldats troublés par une éclipse de lune, les rassûra en leur en expliquant les causes. Jules César cultiva l’Astronomie ; Macrobe & Pline assûrent même qu’il composa quelque chose sur cette science. Elle fut aussi du goût de Cicéron, puisqu’il fit la version du poëme d’Aratus sur l’Astronomie. Terentius Varron, cet homme universel, fut aussi Astronome. Il y en eut même qui firent leur unique étude de cette science. Tel fut P. Rigodius, qui donna dans l’Astrologie judiciaire, & qui, à ce qu’on prétend, prédit l’empire à Au-

guste, le jour même de sa naissance. Manilius qui

florissoit sous cet empereur, fit un poëme sur cette science. Nous avons aussi l’ouvrage de Caius Julius Hyginus, affranchi d’Auguste. Cependant le nombre des Astronomes fut fort petit chez les Romains, dans des tems où les arts & les sciences paroissoient faire les délices de ce peuple. La véritable cause de cette négligence à cultiver l’Astronomie, est le mépris qu’ils en faisoient. Les Chaldéens, qui l’enseignoient à Rome, donnoient dans l’Astrologie ; en falloit-il d’avantage pour dégoûter des gens de bon sens ? aussi les Magistrats chasserent-ils diverses fois ces fourbes.

Seneque avoit du goût pour l’Astrologie, comme il paroît par quelques endroits de ses ouvrages. Pline le Naturaliste, dans son important ouvrage, paroît n’avoir pas ignoré l’Astronomie. Il a même beaucoup contribué aux progrès de cette science, en ce qu’il nous a conservé un grand nombre de fragmens des anciens Astronomes. Sous le regne de Domitien, Agrippa fit diverses observations astronomiques en Bithynie. L’on trouve dans les écrits de Plutarque divers passages, qui marquent qu’il n’étoit pas ignorant dans cette science. Ménélaüs étoit Astronome de profession. Il fit ses observations à Rome. Ptolomée en faisoit grand cas. Il composa trois livres des figures sphériques, que le P. Mersenne a publiés. Enfin il faut encore placer dans ce siecle Théon de Smyrne déja nommé. Il écrivit sur les diverses parties des Mathématiques du nombre desquelles est l’Astronomie. Les Astrologues, nommés d’abord Chaldéens, & ensuite Mathématiciens, étoient fort en vogue dans ce siecle à Rome. Les empereurs & les grands en faisoient beaucoup de cas.

Censorin, qui vivoit sous les Gordiens, vers l’an 238 de J. C. a renfermé dans son petit traité de Die natali, un grand nombre d’observations qui ne se trouvent point ailleurs.

Anatolius qui fut évêque de Laodicée, composa un traité de la Pâque, où il fait voir son habileté dans ce genre. Septime Severe favorisa au commencement du troisieme siecle les Mathématiciens ou Astrologues : mais sur la fin de ce siecle Dioclétien & Maximien leur défendirent la pratique de leur art.

Macrobe, Marcianus Capella, & quelques autres, n’ont parlé qu’en passant de l’Astronomie.

Nous avons de Firmicus huit livres sur l’Astronomie : mais comme il donnoit beaucoup dans les rêveries des Chaldéens, son ouvrage n’est pas fort instructif. Théon le jeune d’Alexandrie fit diverses observations, & composa un commentaire sur un ouvrage de Ptolomée, dont les savans font cas encore aujourd’hui. Hypatia se distingua dans la même science : mais il ne nous reste rien d’elle. Paul d’Alexandrie s’appliqua à la science des horoscopes, & nous avons son introduction à cette science prétendue.

Pappus est connu par divers fragmens, qui font regretter la perte de ses écrits. On place aussi dans le quatrieme siecle, Théodore Manlius, consul Romain, qui, au rapport de Claudien, fit un ouvrage, qui s’est perdu, sur la nature des choses & des astres ; & Achilles Tatius, dont nous avons un commentaire sur les phénomenes d’Aratus.

Synésius, évêque de Ptolémaïde, fut disciple de la célebre Hypatia. Il nous reste de lui un discours à Pœonius, où il fait la description de son astrolabe ; c’étoit une espece de globe céleste. Rufus Festus Avienus fit une paraphrase en vers hexametres des phénomenes d’Aratus, qui est parvenue jusqu’à nous. Le commentaire de Macrobe sur le songe de Scipion, fait voir qu’il n’étoit pas ignorant dans l’Astronomie. Capella, qui fut proconsul, écrivit sur cette science l’ouvrage que nous connoissons, sous le nom de Satyricon. Proclus Lycius, cet ennemi du Christia-