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gorgés par la suppuration. Lorsqu’elle diminue, que le pus prend de la consistance, devient blanc & sans odeur, le vuide se remplit alors de jour en jour de mammelons charnus, & la cicatrice se forme à l’aide des pansemens méthodiques dont il sera parlé à la cure des ulceres. Voyez Ulcere.

M. Petit a donné à l’Académie Royale de Chirurgie un Mémoire important sur les tumeurs de la vésicule du fiel qu’on prend pour des abcès au foie. Les remarques de ce célebre Chirurgien enrichissent la Pathologie d’une maladie nouvelle. Il rapporte les signes qui distinguent les tumeurs de la vésicule du fiel distendue par la bile retenue, d’avec les abcès au foie. Il fait le parallele de cette rétention de la bile & de la pierre biliaire avec la rétention d’urine & la pierre de la vessie, & propose des opérations sur la vésicule du fiel à l’instar de celles qu’on fait sur la vessie. V. le 1er vol. des Mem. de l’Acad. de Chirurgie.

Il survient fréquemment des abcès considérables au fondement, qui occasionnent des fistules. Voyez ce qu’on en dit à l’article de la Fistule à l’anus. (Y)

* M. Littre observe, Histoire de l’Academie, an. 1701, page 29, à l’occasion d’une inflammation aux parois du ventricule gauche du cœur, que les ventricules du cœur doivent être moins sujets à des abcès qu’à des inflammations. Car l’abcès consiste dans un fluide extravasé qui se coagule, se corrompt & se change en pus, & l’inflammation dans un gonflement des vaisseaux causé par trop de fluide. Si donc on suppose que, des arteres coronaires qui nourrissent la substance du cœur, il s’extravase & s’épanche du sang qui ne rentre pas d’abord dans les veines coronaires destinées à le reprendre ; il sera difficile que le mouvement continuel de contraction & de dilatation du cœur ne le force à y rentrer, ou du moins ne le brise & ne l’atténue, de sorte qu’il s’échappe dans les ventricules au-travers des parois. Quant à l’inflammation, le cœur n’a pas plus de ressources qu’une autre partie pour la prévenir, ou pour s’en délivrer.

* On lit, Histoire de l’Acad. an. 1730, p. 40. la guérison d’un abcès au foie qui mérite bien d’être connue. M. Soullier Chirurgien de Montpellier fut appellé auprès d’un jeune homme âgé de 13 à 14 ans qui, après s’être fort échauffé, s’étoit mis les piés dans l’eau froide & avoit eu une fievre ordinaire, mais dont la suite fut très fâcheuse. Ce fut une tumeur considérable au foie, qu’il ouvrit. Il trouva ce viscere considérablement abcédé à sa partie antérieure & convexe. Il s’y étoit fait un trou qui auroit pû recevoir la moitié d’un œuf de poule, & il en sortoit dans les pansemens une matiere sanguinolente, épaisse, jaunâtre, amere & inflammable : c’étoit de la bile véritable accompagnée de floccons de la substance du foie.

Pour vuider la matiere de cet abcès, M. Soullier imagina une cannule d’argent émoussée par le bout qui entroit dans le foie, sans l’offenser, & percée de plusieurs ouvertures latérales qui recevoient la matiere nuisible & la portoient en-dehors, où elle s’épanchoit sur une plaque de plomb qu’il avoit appliquée à la plaie, de maniere que cette matiere ne pouvoit excorier la peau. L’expédient réussit, la fievre diminua, l’embonpoint revint, la plaie se cicatrisa, & le malade guérit.

* On peut voir encore dans le Recueil de 1731, page 515, une observation de M. Chicoyneau pere, sur un abcès intérieur de la poitrine accompagné des symptomes de la phthisie & d’un déplacement notable de l’épine du dos & des épaules ; le tout terminé heureusement par l’évacuation naturelle de l’abcès par le fondement.

ABDAR, s. m. nom de l’Officier du Roi de Perse qui lui sert de l’eau à boire, & qui la garde dans une cruche cachetée, de peur qu’on n’y mêle du poison, à ce

que rapporte Olearius dans son voyage de Perse. (G)

* ABDARA, ville d’Espagne, bâtie par les Carthaginois dans la Bétique, sur la côte de la Méditerranée ; on soupçonne que c’est la ville qu’on nomme aujourd’hui Adra dans le Royaume de Grenade.

* ABDELARI, plante Egyptienne dont le fruit ressembleroit davantage au melon, s’il étoit un peu moins oblong & aigu par ses extrémités. Ray. H. Pl.

* ABDERE, ancienne ville de Thrace, que quelques-uns prennent pour celle qu’on appelle aujourd’hui Asperosa, ville maritime de Romanie.

* ABDERITES, habitans d’Abdere. V. Abdere.

ABDEST, s. m. mot qui dans la Langue Persane signifie proprement l’eau qui sert à laver les mains : mais il se prend par les Persans & par les Turcs pour la purification légale ; & ils en usent avant que de commencer leurs cérémonies religieuses. Ce mot est composé d’ab qui signifie de l’eau, & d’est la main. Les Persans, dit Olearius, passent la main mouillée deux fois sur leur tête depuis le col jusqu’au front, & ensuite sur les piés jusqu’aux chevilles : mais les Turcs versent de l’eau sur leur tête, & se lavent les piés trois fois. Si néanmoins ils se sont lavés les piés le matin avant que de mettre leur chaussure, ils se contentent de mouiller la main, & de la passer par-dessus cette chaussure depuis les orteils jusqu’à la cheville du pied. (G)

ABDICATION, s. f. acte par lequel un Magistrat ou une personne en charge y renonce, & s’en démet avant que le terme légal de son service soit expiré. Voyez Renonciation.

Ce mot est dérivé d’abdicare, composé de ab, & de dicere, déclarer.

On confond souvent l’abdication avec la résignation : mais à parler exactement, il y a de la différence. Car l’abdication se fait purement & simplement, au lieu que la résignation se fait en faveur de quelque personne tierce. Voyez Résignation.

En ce sens on dit que Dioclétien & Charles V. abdiquerent la Couronne, & que Philippe V. Roi d’Espagne l’a résigna. Le Parlement d’Angleterre a décidé que la violation des Lois faite par le Roi Jacques, en quittant son Royaume, sans avoir pourvû à l’administration nécessaire des affaires pendant son absence, emportoit avec elle l’abdication de la Couronne : mais cette décision du Parlement est-elle bien équitable ?

Abdication dans le Droit civil, se prend particulierement pour l’acte par lequel un pere congédie & desavoue son fils, & l’exclut de sa famille. En ce sens, ce mot est synonyme au mot Grec ἀποκήρυξις, & au mot Latin, à familiâ alienatio, ou quelquefois ablegatio & negatio, & est opposé à adoption. Il differe de l’exhérédation, en ce que l’abdication se faisoit du vivant du pere, au lieu que l’exhérédation ne se faisoit qu’à la mort. Ainsi quiconque étoit abdiqué, étoit aussi exhérédé, mais non vice versâ. V. Exhérédation.

L’abdication se faisoit pour les mêmes causes que l’exhérédation.

Abdication s’est dit encore de l’action d’un homme libre qui renonçoit à sa liberté, & se faisoit volontairement esclave ; & d’un citoyen Romain qui renonçoit à cette qualité, & aux priviléges qui y étoient attachés.

Abdication, au Palais, est aussi quelquefois synonyme à abandonnement. V. Abandonnement. (H)

ABDOMEN, s. m. signifie le bas-ventre, c’est-à-dire cette partie du corps qui est comprise entre le thorax & les hanches. Voyez Ventre.

Ce mot est purement Latin, & est dérivé d’abdere, cacher, soit parce que les principaux visceres du corps sont contenus dans cette partie, & y sont, pour ainsi dire, cachés, soit parce que cette partie