traduisit ces livres, & les donna au public. Voyez l’éloge de M. Viviani, par M. de Fontenelle, Hist. acad. 1703.
Il faut que le huitieme livre d’Apollonius ait été retrouvé depuis ; car je trouve dans l’éloge de M. Halley, par M. de Mairan, (Hist. acad. 1742.) que M. Halley donna en 1717 une traduction latine des huit livres d’Apollonius. (O)
* APOLLONIES, (Myth.) fêtes instituées en l’honneur d’Apollon à Egialée, où l’on dit qu’il se retira avec Diane sa sœur, après la défaite de Python, & d’où l’on ajoûte qu’ils furent chassés par les habitans. Mais peu de tems après la retraite des deux divinités en Crete, où elles se réfugierent, la peste s’engendra dans Egialée, & y fit de grands ravages. L’oracle, consulté sur les moyens d’écarter ce fléau, répondit qu’il falloit députer en Crete sept jeunes filles & sept jeunes garçons, afin d’engager Apollon & Diane à revenir dans la ville ; ce qui fut exécuté : les deux divinités revinrent, & la peste cessa. Ce fut en mémoire de cet évenement, que dans les fêtes appellées apollonies, on faisoit sortir de la ville tous les ans le même nombre de filles & de garçons, comme s’ils alloient encore chercher Apollon & Diane.
APOLOGÉTIQUE, adj. (Théol.) écrit ou discours fait pour excuser ou justifier une personne, ou une action. Voyez Apologie.
L’apologétique de Tertullien est un ouvrage plein de force & d’élévation, digne en un mot du caractere véhement de son auteur. Il y adresse la parole, selon quelques-uns, aux Magistrats de Rome, parce que l’Empereur Severe, dont la persécution commençoit, étoit alors absent de cette ville, & selon d’autres, à ceux qui tenoient les premieres places dans l’empire, c’est-à-dire, aux gouverneurs des provinces.
Tertullien s’y attache à montrer l’injustice de la persécution, contre une religion qu’on vouloit condamner sans la connoître & sans l’entendre, à réfuter & l’idolatrie & les reproches odieux que les idolatres faisoient aux Chrétiens, d’égorger des enfans dans leurs mysteres, d’y manger de la chair humaine, d’y commettre des incestes, &c. Pour répondre au crime qu’on leur imputoit de manquer d’amour & de fidélité pour la patrie, sous prétexte qu’ils refusoient de faire les sermens accoûtumés, & de jurer par les dieux tutélaires de l’Empire, il prouve la soûmission des Chrétiens aux Empereurs. Il en expose aussi la doctrine autant qu’il étoit nécessaire pour la disculper, mais sans en dévoiler trop clairement les mysteres, pour ne pas violer la religion du secret si expressément recommandée dans ces premiers tems. Cet écrit, tout solide qu’il étoit, n’eut point d’effet, & la persécution de Severe n’en fut pas moins violente. (G)
APOLOGIE, s. f. (Littérat.) apologia, mot originairement grec, ἀπολογία, discours ou écrit pour la défense ou la justification d’un accusé : toute apologie suppose une accusation bien ou mal fondée ; & le but de l’apologie est de montrer que l’accusation est fausse ou mal-à-propos intentée
Les persécutions que l’Eglise eut à essuyer depuis sa naissance, & pendant les trois premiers siecles, obligerent souvent les Chrétiens de présenter aux Empereurs, au Sénat & aux Magistrats payens, des apologies pour la religion chrétienne, pour répondre aux fausses imputations par lesquelles on s’efforçoit de les noircir, comme ennemis des dieux, des puissances, & perturbateurs du repos public.
Les principales de ces apologies sont celles de Quadrat & d’Aristide ; les deux apologies de S. Justin martyr ; celle d’Athenagore ; l’apologétique de Tertullien ; & le dialogue de Minutius Felix, intitulé Octavius.
Quadrat, qui étoit évêque d’Athenes, composa son apologie pour les Chrétiens vers l’an de Jesus-Christ 124, & la présenta dans le même tems à l’em-
l’Empire, & entr’autres la Grece. Eusebe nous en a conservé quelques fragmens : mais il ne nous reste rien de celle qu’Aristide Athénien & philosophe chrétien, écrivit peu après celle de Quadrat.
Des deux apologies qu’écrivit S. Justin martys, la premiere est de l’an de Jesus-Christ 150, & porte ce titre : « A l’empereur Titus-Elius-Adrien-Antonin, pieux, auguste, César ; & à son fils vérissime philosophe ; & à Lucius philosophe, fils de César, selon la nature, & de l’Empereur par adoption, amateur de la science ; & au sacré Sénat, & à tout le peuple Romain. Pour les personnes de toutes conditions, qui sont haïes & maltraitées injustement, Justin fils de Priscus Bacchius, natif de Flavia, ou de Naples en Palestine, l’un de ces persécutés, présente cette requête ». Après un préambule convenable, ce saint docteur montre l’injustice qu’il y a de condamner les Chrétiens sur le seul nom, & détruit le reproche d’athéisme qu’on leur faisoit, par l’exposition de quelques points de leur doctrine, de leur morale, & de leur culte extérieur. Il répond ensuite aux accusations contre leurs mœurs, & les retorque avec force contre celles des payens. Enfin il la termine par la copie d’une lettre d’Adrien, où cet empereur défendoit qu’on persécutât les Chrétiens.
Ce Pere composa sa seconde apologie 16 ans après, & elle n’a pour but que de détruire les calomnies infamantes dont on chargeoit les Chrétiens. Elle est adressée au Sénat de Rome, & n’eut pas plus d’effet que la premiere.
On croit que l’apologie d’Athenagore est aussi de l’an 166, & qu’il l’adressa aux deux empereurs Marc Aurele & Lucius Verus. Il y suit à peu près la même méthode que S. Justin, & repousse fortement trois accusations, l’athéisme, les repas de chair humaine, & les incestes.
Quant à l’apologie de Tertullien, nous en avons parlé au mot Apologétique.
L’Octavius de Minutius Felix, orateur Romain, qui vivoit dans le troisieme siecle, est un dialogue sur la vérité de la religion chrétienne, où par occasion l’auteur répond aux calomnies des Juifs & des payens. Le caractere de tous ces ouvrages est une noble & solide simplicité, jointe à beaucoup de véhémence, surtout dans Athenagore & dans Tertullien. (G)
APOLOGUE, s. m. (Belles-Lettr.) fable morale, ou espece de fiction, dont le but est de corriger les mœurs des hommes.
Jules Scaliger fait venir ce mot d’ἀπόλογος, ou discours qui contient quelque chose de plus que ce qu’il pràsente d’abord. Telles sont les fables d’Esope ; aussi donne-t-on communément l’épithete d’œsopicæ aux fables morales.
Le P. de Colonia prétend qu’il est essentiel à la fable morale ou à l’apologue, d’être fondé sur ce qui se passe entre les animaux ; & voici la distinction qu’il met entre l’apologue & la parabole. Ce sont deux fictions, dont l’une peut être vraie, & l’autre est nécessairement fausse, car les bêtes ne parlent point. V. Parabole. Cependant presque tous les auteurs ne mettent aucune distinction entre l’apologue & la fable, & plusieurs fables ne sont que des paraboles.
Feu M. de la Barre, de l’Académie des Belles-Lettres, a été encore plus loin que le P. de Colonia, en soûtenant que non-seulement il n’y avoit nulle vérité, mais encore nulle vraissemblance dans la plûpart des apologues, « J’entends, dit-il, par apologue cette sorte de fables, où l’on fait parler & agir des animaux, des plantes, &c. Or il est vrai de dire que cet apologue n’a ni possibilité, ni ce qu’on nomme proprement vraissemblance. Je n’ignore pas, ajoûte-t-il, qu’on y demande communément une sorte de vraissemblance : on n’y doit pas supposer que le