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bas du bâti à droite par la face antérieure, communiquent leur vent à un tuyau qui regne en-devant sur le montant du bâti du même côté, & ces trois-là sont chargés d’un poids de quatre livres : les trois qui sont à gauche dans le même rang, donnent leur vent dans un semblable tuyau, qui regne pareillement sur le montant du bâti du même côté, & ne sont chargés chacun que d’un poids de deux livres : les trois qui sont sur la partie supérieure du bâti, donnent aussi leur vent à un tuyau qui regne horisontalement sous eux & en-devant ; ceux-ci ne sont chargés que du poids de leur simple panneau.

Ces tuyaux par différens coudes, aboutissent à trois petits réservoirs placés dans la poitrine de la figure. Là par leur réunion ils en forment un seul, qui montant par le gosier, vient par son élargissement former dans la bouche une cavité, terminée par deux especes de petites levres qui posent sur le trou de la flûte ; ces levres donnent plus ou moins d’ouverture, & ont un mouvement particulier pour s’avancer & se reculer. En-dedans de cette cavité est une petite languette mobile, qui par son jeu peut ouvrir & fermer au vent le passage que lui laissent les levres de la figure.

Voilà par quel moyen le vent a été conduit jusqu’à la flûte. Voici ceux qui ont servi à le modifier.

A la face antérieure du bâti à gauche, est un autre mouvement qui, à la faveur de son roüage, fait tourner un cylindre de deux piés & demi de long sur soixante-quatre pouces de circonférence. Ce cylindre est divisé en quinze parties égales d’un pouce & demi de distance. A la face postérieure & supérieure du bâti est un clavier traînant sur ce cylindre, composé de quinze leviers très-mobiles, dont les extrémités du côté du dedans sont armées d’un petit bec d’acier, qui répond à chaque division du cylindre. A l’autre extrémité de ces leviers sont attachés des fils & chaînes d’acier, qui répondent aux différens réservoirs de vent, aux doigts, aux levres & à la langue de la figure. Ceux qui répondent aux différens réservoirs de vent sont au nombre de trois, & leurs chaînes montent perpendiculairement derriere le dos de la figure jusque dans la poitrine où ils sont placés, & aboutissent à une soûpape particuliere à chaque réservoir : cette soûpape étant ouverte laisse passer le vent dans le tuyau de communication qui monte, comme on l’a déjà dit, par le gosier dans la bouche. Les leviers qui répondent aux doigts sont au nombre de sept, & leurs chaînes montent aussi perpendiculairement jusqu’aux épaules, & là se coudent pour s’insérer dans l’avant-bras jusqu’au coude, où elles se plient encore pour aller le long du bras jusqu’au poignet ; elles y sont terminées chacune par une charniere qui se joint à un tenon que forme le bout du levier contenu dans la main, imitant l’os que les Anatomistes appellent l’os du métacarpe, & qui, comme lui, forme une charniere avec l’os de la premiere phalange, de façon que la chaine étant tirée, le doigt puisse se lever. Quatre de ces chaînes s’inserent dans le bras droit, pour faire mouvoir les quatre doigts de cette main, & trois dans le bras gauche pour trois doigts, n’y ayant que trois trous qui répondent à cette main. Chaque bout de doigt est garni de peau, pour imiter la mollesse du doigt naturel, afin de pouvoir boucher le trou exactement. Les leviers du clavier qui répondent au mouvement de la bouche, sont au nombre de quatre : les fils d’acier qui y sont attachés forment des renvois, pour parvenir dans le milieu du rocher en-dedans ; & là ils tiennent à des chaînes qui montent perpendiculairement & parallelement à l’épine du dos dans le corps de la figure ; & qui passant par le cou, viennent dans la bouche s’attacher aux parties, qui font faire quatre différens mouvemens aux levres intérieures : l’un fait ouvrir ces levres pour donner une plus grande issue au vent ;

l’autre la diminue en les rapprochant ; le troisieme les fait retirer en-arriere ; & le quatrieme les fait avancer sur le bord du trou.

Il ne reste plus sur le clavier qu’un levier, où est pareillement attachée une chaîne qui monte ainsi que les autres, & vient aboutir à la languette qui se trouve dans la cavité de la bouche derriere les levres, pour emboucher le trou, comme on l’a dit ci-dessus.

Ces quinze leviers répondent aux quinze divisions du cylindre par les bouts où sont attachés les becs d’acier, & à un pouce & demi de distance les uns des autres. Le cylindre venant à tourner, les lames de cuivre placées sur ses lignes divisées, rencontrent les becs d’acier & les soûtiennent levés plus ou moins long-tems, suivant que les lames sont plus ou moins longues : & comme l’extrémité de tous ces becs forme entre eux une ligne droite, parallele à l’axe du cylindre, coupant à angle droit toutes les lignes de division, toutes les fois qu’on placera à chaque ligne une lame, & que toutes leurs extrémités formeront entr’elles une ligne également droite, & parallele à celle que forment les becs des leviers, chaque extrémité de lame (le cylindre retournant) touchera & soûlevera dans le même instant chaque bout de levier ; & l’autre extrémité des lames formant également une ligne droite, chacune laissera échapper son levier dans le même tems. On conçoit aisément par là comment tous les leviers peuvent agir & concourir tous à la fois à une même opération s’il est nécessaire. Quand il n’est besoin de faire agir que quelques leviers, on ne place des lames qu’aux divisions où répondent ceux qu’on veut faire mouvoir : on en détermine même le tems en les plaçant plus ou moins éloignées de la ligne que forment les becs : on fait cesser aussi leur action plûtôt ou plus tard, en les mettant plus ou moins longues.

L’extrémité de l’axe du cylindre du côté droit, est terminée par une vis sans fin à simples filets, distans entr’eux d’une ligne & demie, & au nombre de douze, ce qui comprend en tout l’espace d’un pouce & demi de longueur, égal à celui des divisions du cylindre.

Au-dessus de cette vis est une piece de cuivre immobile, solidement attachée au bâti, à laquelle tient un pivot d’acier d’une ligne environ de diametre, qui tombe dans une cannelure de la vis, & lui sert d’écrou, de façon que le cylindre est obligé en tournant de suivre la même direction que les filets de la vis, contenus par le pivot d’acier qui est fixe. Ainsi chaque point du cylindre décrira continuellement en tournant une ligne spirale, & fera par conséquent un mouvement progressif de droit à gauche.

C’est par ce moyen que chaque division du cylindre, déterminée d’abord sous chaque bout de levier, changera de point à chaque tour qu’il fera, puisqu’il s’en éloignera d’une ligne & demie, qui est la distance qu’ont les filets de la vis entr’eux.

Les bouts des leviers attachés au clavier restant donc immobiles, & les points du cylindre auxquels ils répondent d’abord, s’éloignant à chaque instant de la perpendiculaire, en formant une ligne spirale, qui par le mouvement progressif du cylindre est toûjours dirigée au même point, c’est-à-dire à chaque bout de levier ; il s’ensuit que chaque bout de levier trouve à chaque instant des points nouveaux sur les lames du cylindre qui ne se répetent jamais, puisqu’elles forment entre elles des lignes spirales qui forment douze tours sur le cylindre avant que le premier point de division vienne sous un autre levier, que celui sous lequel il a été déterminé en premier lieu.

C’est dans cet espace d’un pouce & demi qu’on place toutes les lames, qui forment elles-mêmes les lignes spirales, pour faire agir le levier sous qui elles doivent toûjours passer pendant les douze tours que