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chiens en meute, ou les assembler pour la chasse. On dit : Les chiens sont bien ameutés, lorsqu’ils marchent bien ensemble. Voyez Meute.

* AMFORA, petite riviere du Frioul, qui a sa source dans l’état de Venise, & qui se jette dans le golfe de ce nom, près d’Aquilée.

* AMHARA, royaume de l’Abyssinie, dont il occupe le milieu ; il touche au septentrion le royaume de Bagemdar ; à l’orient, celui d’Angot ; au midi, celui de Walaka, & à l’occident celui de Gojam, dont il est séparé par le Nil.

AMI, AMITIÉ, subst. en Peinture, se disent des couleurs qui sympathisent entre elles, & dont les tons & les nuances produisent un bel effet. Cette union ou sympathie s’appelle amitié ; on dit des couleurs amies. (R)

* AMI, adj. signifie, en fait de négoce, correspondant, personne avec laquelle on est en liaison & en commerce d’affaires. Ainsi l’on dit : J’ai fait cette affaire, cette négociation pour compte d’ami.

Ami, est aussi en usage dans les polices d’assûrance, & lorsqu’on ne veut pas y paroître sous son nom ; il suffit que le correspondant déclare qu’il assûre pour compte d’ami. Voyez Assurance. (G)

* AMIA, nom d’un poisson, dont Aétius & Pline ont parlé ; l’un nous apprend que sa chair est difficile à digérer ; l’autre qu’il croît si promptement, qu’on y remarque des différences d’un jour à l’autre. Voyez Tetrab. I. serm. 2. & Histor. natur. L. IX. cap. xiij.

AMIABLE, adj. en termes de Commerce. On appelle amiable compositeur, celui qui fait l’office d’ami pour accommoder deux négocians qui ont des contestations ou des procès ensemble. Il differe de l’arbitre, en ce que pour concilier & rapprocher les esprits, il retranche souvent quelque chose du droit de chaque partie : ce que l’arbitre qui remplit la fonction de Juge semble n’avoir pas la liberté de faire. Voyez Arbitre. (G)

AMIABLEMENT ou A L’AMIABLE, de concert & avec douceur. Ainsi, l’on dit que deux marchands pour éviter les frais, ont terminé leurs affaires ou leurs contestations à l’amiable. On dit encore vente à l’amiable. (G)

Amiables, (Arithm) On entend par nombres amiables, ceux qui sont réciproquement égaux à la somme totale des parties aliquotes l’un de l’autre ; tels sont les nombres 284 & 220 ; car les parties aliquotes du premier, sont 1, 2, 4, 71, 142, dont la somme est 220 ; & les parties aliquotes du second, sont 1, 2, 4, 5, 10, 11, 20, 22, 44, 55, 110, dont la somme est 284. Voyez Nombre. (O)

AMIANTE, s. m. amiantus, (Hist. nat.) matiere minérale composée de filets délies, plus ou moins longs, posés longitudinalement les uns contre les autres en maniere de faisceau. Ces filets sont si fins qu’on les a comparés à du lin. Il y a plusieurs sortes d’amiante, qui quoique de même nature, varient par leurs couleurs, par les différentes longueurs de leurs filets, par leur adhérence plus ou moins forte. Il y a de l’amiante jaunâtre ou roussâtre ; on en voit de couleur d’argent ou grisâtre, comme le talc de Venise : il y en a de parfaitement blanc ; ils sont plus ou moins luisans : il y a des filets qui n’ont que quelques lignes de longueur ; on en trouve qui ont six pouces & plus : ceux-ci sont ordinairement les plus blancs & les plus brillans ; ce sont aussi les plus rares ; on les prendroit pour de la soie, si on ne les examinoit pas de près : chaque fil se détache aisément des autres, tandis qu’il y a d’autres amiantes où ils sont collés, & pour ainsi dire, unis les uns aux autres : quelquefois ils tiennent à des matieres d’une autre nature ; il y en a dans des morceaux de crystal de roche : enfin il y a de l’amiante qui paroît

n’être pas encore dans son état de perfection ; c’est pour ainsi dire une mine ou une pierre d’amiante. La plûpart des Auteurs donnent à ce minéral le nom de pierre, lapis amiantus ; mais au moins ce n’est pas une pierre calcinable, puisqu’on a crû qu’elle étoit incombustible : la vérité est que l’amiante résiste à l’action ordinaire du feu : mais si on l’expose à un feu plus violent, on vient à bout de le vitrifier ; c’est donc une matiere vitrifiable. Il n’y a rien de merveilleux dans cette propriété ; si elle eût été seule dans l’amiante, on ne l’auroit pas tant vantée : mais elle est jointe à une autre propriété beaucoup plus singuliere ; c’est que les filets de l’amiante sont si flexibles, & qu’ils peuvent devenir si souples qu’il est possible d’en faire un tissu presque semblable à ceux que l’on fait avec les fils de chanvre, de lin ou de soie. On file l’amiante, on en fait une toile, & cette toile ne brûle pas lorsqu’on la jette au feu : voilà ce qui a toûjours paru étonnant ; & il y a encore bien des gens qui ont peine à le croire aujourd’hui. En effet, il est assez singulier d’avoir une toile que l’on blanchisse dans le feu ; c’est cependant ce que l’on fait pour la toile d’amiante : lorsquelle est sale & crasseuse, on la met dans le feu ; & lorsqu’elle en sort, elle est pure & nette, parce que le feu ordinaire est assez actif pour consumer toutes les matieres étrangeres dont elle étoit chargée : mais fût-il assez violent pour calciner les pierres, il n’auroit pas encore la force de vitrifier l’amiante : cependant chaque fois qu’on la met au feu, & qu’on l’y tient pendant quelque tems, elle perd un peu de son poids.

On a donné à la matiere dont il s’agit ici différens noms, qui ont rapport à ses propriétés. On l’a nommée amiante, asbeste, salamandre, parce qu’elle résiste au feu ordinaire ; & parce qu’elle se file comme du lin ou de la laine, on lui en a donné les noms, en ajoûtant une épithete, pour faire entendre que ce lin ou cette laine ne se consument point au feu. Voilà d’où viennent les noms de lin incombustible, linum asbestinum, linum vivum, plume ou laine de salamandre, parce qu’on a crû que la salamandre étoit à l’épreuve du feu. L’amiante a eu d’autres noms, tirés de sa couleur & de sa forme : on l’a connu sous le nom de bostrichites, de corsoides, de polia, parce qu’il ressemble à des cheveux, & même à des cheveux gris. Enfin on a ajoûté à tous ces noms ceux des pays où il se trouvoit, linum Carpasium, Carbasum, Caristium, Cyprium, Indum, &c. M. de Tournefort a fait mention de l’amiante de Caristo, dans l’île de Négrepont, & il dit que c’est de toutes les especes d’amiante la plus méprisable. Rel. d’un voyage du Levant, tome I. page 165. Il y a de l’amiante dans bien d’autres lieux, par exemple, en Siberie, à Eisfield dans la Thuringe, dans les mines de l’ancienne Baviere, à Namur dans les Pays-bas, dans l’île d’Anglesey, annexe de la principauté de Galles ; à Alberdeen en Ecosse, à Montauban en France, dans la vallée de Campan aux Pyrénées, en Italie à Pouzole, dans l’île de Corse, à Smyrne, en Tartarie, en Egypte, &c.

L’amiante est bon pour faire des meches dans les lampes ; il devoit même paroître bien plus propre à cet usage que les filets d’argent dont on fait des meches dans les réchauds à l’esprit-de-vin : ces meches métalliques ôtent toute apparence de merveilleux à celles d’amiante ; celles-ci sont préférables aux meches ordinaires, parce qu’il ne leur arrive aucun changement qui puisse offusquer la lumiere. On n’a pas de peine à croire que ceux qui ont fait des recherches sur les lampes perpétuelles, n’ont pas manqué d’y faire entrer l’amiante pour beaucoup. C’étoit déjà quelque chose que d’avoir la meche : mais on ne s’en est pas tenu là ; on a prétendu que l’amiante devoit aussi fournir l’huile, & que si on