tu magnétique ; mais parce que la matiere magnétique se distribue dans le fer suivant une seule & même direction. Voici une expérience qui prouve la nécessité du contact du fer & de l’armure de l’aimant, pour que la communication soit parfaite : si on passe une aiguille de boussole d’un pole à l’autre de l’aimant, en lui faisant toucher successivement les deux boutons de l’armure, elle acquerra la vertu magnétique, & se dirigera nord & sud, comme l’on sait. Mais si après avoir examiné sa direction, on la repasse une seconde fois sur l’aimant dans le même sens qu’on l’avoit fait d’abord, avec cette seule différence, qu’au lieu de toucher les boutons de l’armure, on ne fasse que l’en approcher, même le plus près qu’il est possible : sa vertu magnétique s’affoiblira d’abord, & elle en acquerra une autre, mais avec une vertu directive précisément contraire à la premiere. Et si on continue à l’aimanter dans le même sens, en recommençant à toucher les boutons de l’armure : cette seconde vertu magnétique se détruira, & elle en reprendra une autre avec sa premiere direction ; & on détruira de cette maniere son magnétisme & sa direction autant de fois que l’on voudra.
4o. Pour bien conserver la vertu magnétique que l’on a communiquée à un morceau de fer, il faut le garantir de toute percussion violente ; car toute percussion vive & irréguliere détruit le magnétisme : on a aimanté une lame d’acier sur un excellent aimant, & après avoir reconnu sa vertu attractive, qui étoit très-forte, on l’a battue pendant quelque tems sur une enclume ; elle a bien-tôt perdu toute sa vertu, à cela près, qu’elle pouvoit bien lever quelques parcelles de limaille, comme fait tout le fer battu, mais elle n’a jamais pû enlever la plus petite aiguille : la même chose seroit arrivée en la jettant plusieurs fois sur un quarreau de marbre.
5o. L’action du feu détruit aussi en grande partie la vertu magnétique que l’on a communiquée : après avoir bien aimanté une lame de fer, on la fait rougir dans le feu de forge jusqu’au blanc ; lorsqu’on l’a présentée toute chaude à de la limaille de fer, elle n’en a point attiré : mais elle a repris le magnétisme en se refroidissant. Cependant lorsqu’on a aimanté une lame de fer actuellement rouge, elle a attiré de la limaille de fer, & cette attraction a été plus vive après que le lame a été refroidie.
6o. L’action de plier ou de tordre un morceau de fer aimanté lui fait aussi perdre sa vertu magnétique : on a aimanté un morceau de fil de fer de maniere qu’il se dirigeoit avec vivacité, suivant le méridien magnétique ; ensuite on l’a courbé pour en former un anneau, & on a trouvé qu’il n’avoit plus de direction sous cette forme ; on l’a redressé dans son premier état : mais toutes ces violences lui avoient enlevé la vertu magnétique, ensorte qu’il ne se dirigeoit plus. On a conjecturé que les deux poles avoient agi l’un sur l’autre dans le point de contact, & s’étoient détruits mutuellement ; on a donc aimanté de nouveau le même fil de fer & plusieurs autres semblables, & on en a fait des anneaux imparfaits. On a remarqué qu’ils avoient aussi perdu leur vertu magnétique sous cette nouvelle forme, & qu’il ne la recouvroient que quand on les avoit redressés. Cette expérience réussit toûjours quand le fil de fer est bien & dûment courbé, & surtout si on lui fait faire plusieurs tours en spirale sur un cylindre ; car si la moindre de ses parties n’est pas courbée avec violence, elle conservera son magnétisme : la même chose arrivera à un fil de fer aimanté qu’on plie d’abord en deux, & dont on tortille les deux moitiés l’une sur l’autre ; ensorte qu’il paroît que le magnétisme est détruit par la violence qu’on fait souffrir au fer dans tous ces cas, & par le dérangement qu’on cause dans ses parties, comme il est facile de s’en
convaincre par le moyen du microscope.
Voici une expérience qui confirme cette vérité, & qui fait voir que le dérangement causé dans les parties, du fer détruit le magnétisme. On a mis de la limaille de fer dans un tuyau de verre bien sec, & on l’a pressée avec soin ; on l’a aimantée doucement avec une bonne pierre armée, & le tube a attiré des parcelles de limaille répandues sur une table : mais si-tôt qu’on a eu secoüé le tube, & changé la situation respective des particules de limaille, la vertu magnétique s’est évanoüie.
Il n’est pas toûjours besoin d’une pierre d’aimant, ou d’un aimant artificiel, pour communiquer la vertu magnétique au fer & à l’acier : ces corps s’aimantent quelquefois naturellement ; on les aimante quelquefois par différens moyens, sans qu’il soit nécessaire d’emprunter le secours d’aucun aimant.
Premierement, un morceau de fer quelconque de figure oblongue, qui demeure pendant quelque tems dans une position verticale, devient un aimant d’autant plus parfait, qu’il a resté plus long-tems dans cette position : c’est ainsi que les croix des clochers de Chartres, de Delft, de Marseille, &c. sont devenues des aimans si parfaits, quelles ont presque perdu leur qualité métallique, & qu’elles attirent & exercent tous les effets des meilleurs aimans : d’ailleurs la vertu magnétique qu’elles ont ainsi contractée à la longue, est demeurée fixe & constante, & se manifeste dans toute sorte de situation. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à fixer verticalement sur un liége C un morceau de fer ab (figure 54.) qui ait resté long-tems dans la position verticale, & faire nager le tout sur l’eau ; si on approche de l’extrémité supérieure a de ce morceau de fer, le pole boréal B d’une pierre d’aimant, le fer sera attiré, mais il sera répoussé si on lui présente l’autre pole A de la pierre : de même si on approche le pole A de l’extrémité inférieure b du fer, celui-ci sera attiré, & repoussé si on en approche le pole B de l’aimant.
En second lieu, les pelles & les pincettes, les barres de fer des fenêtres, & généralement toutes les pieces de fer qui restent long-tems dans une situation perpendiculaire à l’horison, acquierent une vertu magnétique plus ou moins permanente, suivant le tems qu’elles ont demeuré en cet état ; & la partie supérieure de ces barres devient toûjours un pole austral, tandis que le bas est un pole boréal.
3o. Il y a de certaines circonstances dans lesquelles le tonnerre communique au fer une grande vertu magnétique : il tomba un jour dans une chambre dans laquelle il y avoit une caisse remplie de couteaux & de fourchettes d’acier destinés à aller sur mer ; le tonnerre entra par l’angle méridional de la chambre justement où étoit la caisse ; plusieurs couteaux & fourchettes furent fondus & brisés ; d’autres qui demeurerent entiers, furent très-vigoureusement aimantés, & devinrent capables de lever de gros clous & des anneaux de fer : & cette vertu magnétique leur fut si fortement imprimée, qu’elle ne se dissipa pas en les faisant rougir.
4o. La même barre de fer peut acquérir sans toucher à l’aimant des poles magnétiques, fixes ou variables, qu’on découvrira facilement par le moyen d’une aiguille aimantée en cette sorte. On approche d’une aiguille aimantée, bien mobile sur son pivot, une barre de fer qui n’ait jamais touché à l’aimant, ni resté long-tems dans une position verticale ; on soûtient cette barre de fer bien horisontalement, & l’aiguille reste immobile quelle que soit l’extrémité de la barre qu’on lui présente ; sitôt qu’on présente la barre dans une situation verticale, aussitôt son extrémité supérieure attire vivement (dans cet hémisphere sep-