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base ; leur moitié supérieure est plus menue & barbue.

» Les ailes sont placées à l’endroit le plus commode du corps. Il est constant que dans tous les oiseaux qui ont le plus d’occasion de voler, les ailes sont placées à l’endroit le plus propre à balancer le corps dans l’air, & à lui donner un mouvement progressif aussi rapide que les ailes & le corps sont capables d’en recevoir. Sans cela nous verrions les oiseaux chanceler à tout moment, & voler d’une maniere inconstante & peu ferme ; comme cela arrive, lorsqu’on trouble l’équilibre de leur corps, en coupant le bout d’une de leurs ailes, ou en suspendant un poids à une des extrémités du corps. Quant à ceux qui nagent & qui volent, les ailes pour cet effet sont attachées au corps hors du centre de gravité ; & pour ceux qui se plongent plus souvent qu’ils ne volent, leurs jambes sont plus reculées vers le derriere, & leurs ailes plus avancées vers le devant du corps.

» Structure des ailes. La maniere dont les plumes sont rangées dans chaque aile est fort étonnante. Elles sont placées dans un ordre, qui s’accorde exactement avec la longueur & la force de chaque plume : les grosses servent d’appui aux moindres ; elles sont si bien bordées, couvertes, & défendues par les plus petites, que l’air ne sauroit passer à travers ; par là leurs impulsions sur ce fluide sont rendues très-fortes. Enfin pour finir cet article qui mériteroit que nous nous y arrêtassions plus long-tems, quel appareil d’os très-forts, mais sur-tout légers, & formés avec une adresse incomparable ! quelles jointures qui s’ouvrent, se ferment, ou se meuvent de quelque côté que l’occasion le demande, soit pour étendre les ailes, soit pour les resserrer vers le corps ! en un mot, quelle diversité de muscles, parmi lesquels la force singuliere des muscles pectoraux mérite sur-tout l’attention, parce qu’ils sont beaucoup plus forts & plus robustes dans les oiseaux que dans l’homme, que dans tout autre animal qui n’a pas été fait pour voler. Plaçons ici la remarque de Borelli à cet égard : pectorales musculi hominis flectentes humeros, parvi & parum carnosi sunt, non æquant quinquagesimam aut septuagesimam partem omnium musculorum hominis. Contra in avibus pectorales musculi validissimi sunt, & æquant, imo excedunt, & magis pendent quam reliqui omnes musculi ejusdem avis simul sumpti. De motu animal. Vol. I. Prop. 184. M. Willughby après avoir fait la même remarque, ajoûte la réflexion suivante : C’est par cette raison, que s’il étoit possible à l’homme de voler, ceux qui ont considéré le plus attentivement ce sujet, croyent que pour entreprendre une pareille chose avec espérance de succès, on doit tellement ajuster & ménager les ailes, que pour les diriger on se serve des jambes & non des bras, parce que les muscles des jambes sont beaucoup plus robustes, comme il l’observe très-bien. Willug. Ornith. L. I. c. 1. §. 19, apud Derham Theol. Phys. p. 474 ». Ici finit le Manuscrit de M. Formey, pour le mot aile.

Je n’ajouterai à cet article qu’une énumération des principales parties de l’aile. « Tous les oiseaux, dit Willughby, ont à l’extrémité de l’aile une sorte d’appendice en forme de doigt, qu’il appelle l’aile secondaire extérieure, ou la fausse aile extérieure ; elle n’est composée que de quatre ou cinq plumes. Quelques oiseaux ont un rang de plumes sur la partie intérieure de l’aile ; c’est ce qu’on appelle la fausse aile intérieure. Ses plumes sont ordinairement blanches. On distingue dans les ailes deux sortes de plumes : les grandes qui sont celles qui servent le plus pour le vol, c’est pourquoi on les appelle alarum remiges, comme si on disoit,

les rameurs ou les rames de l’aile ; les autres plumes sont les plus petites, elles recouvrent la partie inférieure des grandes, ce qui leur a fait donner le nom de remigum tegetes. On distingue celles qui sont sur la face extérieure de l’aile, & celles qui sont sur la face intérieure. Ces plumes sont disposées sur l’une & sur l’autre face par rangs qui suivent la longueur de l’aile & qui se surmontent les uns les autres. Les plumes qui se trouvent sur la côte de l’aile sont les plus petites ; les autres sont plus grandes à mesure qu’elles approchent des grandes plumes de l’aile. On les a appellées alarum vestitrices, parce qu’elles revêtent les ailes en dessus & en dessous. (I)

Aile, s’emploie aussi en Fauconnerie ; on dit : monter sur l’aile ; donner du bec & des pennes, pour exprimer les différentes manieres de voler. Monter sur l’aile, c’est s’incliner sur une des ailes, & s’élever principalement par le mouvement de l’autre. Donner du bec & des pennes, c’est accélérer le vol par l’agitation redoublée de la tête & de l’extrémité des ailes.

Aile, terme de Botanique. Les ailes des fleurs légumineuses sont les deux pétales qui se trouvent placés entre ceux que l’on a nommés le pavillon & la carene ; ce sont les mêmes pétales qui représentent les ailes de papillon dans ces mêmes fleurs auxquelles on a aussi donné le nom de papilionacées à cause de cette ressemblance. On entend aussi quelquefois par le mot d’ailes de petites branches qui sortent de la tige ou du tronc des plantes. On ne doit pas prendre le mot d’aile pour celui d’aisselle qui est l’angle que la feuille forme avec sa tige. Voyez Aisselle des plantes. On donne le nom d’aile à la petite membrane qui fait partie de certaines graines, par exemple, de celles de l’érable ; on appelle ces graines semences ailées. On dit aussi tige ailée, lorsqu’il y a de ces sortes de membranes qui s’étendent le long d’une tige. (I)

Aile, terme d’Architecture. Les Anciens comprennent généralement sous ce nom le portique & toutes les colonnes qui sont autour d’un temple, c’est-à-dire celles des faces aussi-bien que celles des côtés. Ils appelloient péripteres les temples qui avoient des ailes tout à l’entour ; & par conséquent les colonnes des faces de devant & de derriere, étoient selon eux, des ailes. Voyez Périptere.

Aile se dit, par métaphore, d’un des côtés en retour d’angle, qui tient au corps du milieu d’un bâtiment.

On dit aile droite & aile gauche par rapport au bâtiment où elles tiennent, & non pas à la personne qui le regarde ; ainsi la grande galerie du Louvre, en regardant le château du côté de la grande cour, est l’aile droite du palais des Thuileries.

On donne encore ce nom aux bas-côtés d’une Église.

Ailes de mur. Voyez Mur en ailes.

Ailes de cheminée : ce sont les deux côtés de mur dans l’étendue d’un pié, qui touche au manteau & tuyau d’une cheminée, & dans lesquels on scelle les boulins pour échafauder.

Ailes de pavé ; ce sont les deux côtés ou pente de la chaussée d’un pavée depuis le tas droit jusqu’aux bordures.

Ailes se dit aussi des deux plus petits côtés d’un vestibule. Vitruve, Lib. VI. pag. 212. (P)

Aile ; espece de bierre très-commune en Angleterre & en France. M. James, Anglois, & qui doit savoir par conséquent ce que c’est que l’aile, dit qu’elle est jaunâtre, claire, transparente & fort piquante ; qu’elle prend au nez, qu’elle est apéritive & agréable au goût ; qu’il n’y entre ni houblon ni autres plantes ameres ; & que sa grande force vient