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maisons, au moyen dequoi elles portent les mêmes noms & les mêmes armes. (H)

AGGREGÉ, adj. pris substant. dans les Ecoles de Droit. On appelle aggregés en Droit ou simplement aggregés, des Docteurs attachés à la Faculté, & dont les fonctions sont de donner des leçons de Droit privées & domestiques, pour disposer les étudians à leurs examens & theses publiques, de les présenter à ces examens & theses comme suffisamment préparés, & de venir interroger ou argumenter les récipiendaires lors de ces examens ou de ces theses.

Ces places se donnent au concours, c’est-à-dire, à celui des compétiteurs qui en est réputé le plus digne, après avoir soûtenu des theses publiques sur toutes les matieres de Droit. Il faut pour être habile à ces places être déjà Docteur en Droit ; on ne l’exige pas de ceux qui disputent une chaire, quoique le titre de Professeur soit au-dessus de celui d’Aggregé. La raison qu’on en rend, est que le titre de Professeur emporte éminemment celui de Docteur. (H)

Aggregé, pris comme substantif, est la réunion ou le résultat de plusieurs choses jointes & unies ensemble. Ce mot n’est presque plus en usage ; il vient du Latin aggregatum qui signifie la même chose ; & on dit souvent l’aggregat au lieu de l’aggregé : mais ce dernier mot ne s’emploie gueres. Voyez Aggrégation & Somme. Il a la même origine que aggrégation.

Les corps naturels sont des aggregés ou assemblages de particules ou corpuscules unis ensemble par le principe de l’attraction. Voyez Corps, Particule, &c. On disoit aussi anciennement en Arithmétique l’aggregé ou l’aggregat de plusieurs quantités, pour dire la somme de ces mêmes quantités. (O)

AGGRESSEUR, s. m. en terme de Droit, est celui de deux contendans ou accusés, qui a commencé la dispute ou la querelle : il est censé le plus coupable.

En matiere criminelle, on commence par informer qui des deux a été l’aggresseur.

AGGRESSION, s. f. terme de Pratique, est l’action par laquelle quelqu’un se constitue aggresseur dans une querelle ou une batterie. (H)

* AGHAIS, terme de Coûtume, marché à aghais ou fait à terme de payement & de livraison, & qui oblige celui qui veut en profiter, à ne point laisser passer le jour convenu au d’aghais sans livrer ou payer, ou sans consigner & faire assigner au refus de la partie. Voyez Galland, Traité du franc-aleu.

* AGIDIES, (Mythol.) Joüeurs de gobelets, Faiseurs de tours de passe-passe ; c’étoit l’épithete que les Payens mêmes donnoient aux Prêtres de Cybele.

AGILITÉ, SOUPLESSE, s. f. (Physiolog.) disposition au mouvement dans les membres ou parties destinées à être mûes. Voyez Muscle & Musculaire. (L)

AGIO, s. m. terme de Commerce, usité principalement en Hollande & à Venise, pour signifier ce que l’argent de banque vaut de plus que l’argent courant ; excédent qui est assez ordinairement de cinq pour cent. Ce mot vient de l’Italien agio, qui signifie aider.

Si un Marchand, dit Savary dans son Dictionnaire du Commerce, en vendant sa marchandise, stipule le payement, ou seulement cent livres en argent de banque, ou cent cinq en argent de caisse ; en ce cas on dit que l’agio est de cinq pour cent.

L’agio de banque, ajoûte le même Auteur, est variable dans presque toutes les places à Amsterdam. Il est ordinairement d’environ trois ou quatre pour cent ; à Rome de près de vingt-cinq sur quinze cens ; à Venise, de vingt pour cent fixe.

Agio se dit aussi pour exprimer le profit qui revient d’une avance faite pour quelqu’un ; & en ce sens les noms d’agio & d’avance sont synonymes. On

se sert du premier parmi les Marchands & Négocians, pour faire entendre que ce n’est point un intérêt, mais un profit pour avance faite dans le commerce : ce profit se compte ordinairement sur le pié de demi pour cent par mois, c’est-à-dire, à raison de six pour cent par an. On lui donne quelquefois, mais improprement, le nom de change. Savary, Dictionnaire du Commerce, Tome I. page 606.

Agio se dit encore, mais improprement, du change d’une somme négociée, soit avec perte, soit avec profit.

Quelques-uns appellent agio d’assûrance, ce que d’autres nomment prime ou coust d’assûrance. Voyez Prime. Id. ibid. (G)

AGIOGRAPHE, pieux, utile, qui a écrit des choses saintes, & qu’on peut lire avec édification. Ce mot vient de ἅγιος, saint, sacré, & de γράφω, j’écris. C’est le nom que l’on donne communément aux Livres qui ne sont pas compris au nombre des Livres sacrés, qu’on nomme Apocryphes : mais dont l’Eglise a cependant jugé la lecture utile aux Fideles, & propre à leur édification. Voyez Hagiographe.

AGIOTEUR, s. m. (Commerce.) c’est le nom qu’on donne à celui qui fait valoir son argent à gros intérêt, & qui prend du public des effets de commerce sur un pié très-bas, pour les faire rentrer ensuite dans le public sur un pié très-haut. Ce terme n’est pas ancien : il fut, je crois, employé pour la premiere fois, ou lors du fameux système, ou peu de tems après. (G)

AGIR, v. act. (Morale.) Qu’est-ce qu’agir ? c’est, dit-on, exercer une puissance ou faculté ; & qu’est-ce que puissance ou faculté ? c’est, dit-on, le pouvoir d’agir : mais le moyen d’entendre ce que c’est que pouvoir d’agir, quand on ne sait pas encore ce que c’est qu’agir ou action ? on ne dit donc rien ici, si ce n’est un mot pour un autre : l’un obscur, & qui est l’état de la question ; pour un autre obscur, & qui est également l’état de la question.

Il en est de même de tous les autres termes qu’on a coûtume d’employer à ce sujet. Si l’on dit qu’agir, c’est produire un effet, & en être la cause efficiente & proprement dite. Je demande, 1°. ce que c’est que produire ; 2°. ce que c’est que l’effet ; 3°. ce que c’est que cause ; 4°. ce que c’est que cause efficiente, & proprement dite.

Il est vrai que dans les choses matérielles & en certaines circonstances, je puis me donner une idée assez juste de ce que c’est que produire quelque chose & en être la cause efficiente, en me disant que c’est communiquer de sa propre substance à un être censé nouveau. Ainsi la terre produit de l’herbe qui n’est que la substance de la terre avec un surcroît ou changement de modifications pour la figure, la couleur, la flexibilité, &c.

En ce sens-là je comprens ce que c’est que produire ; j’entendrai avec la même facilité ce que c’est qu’effet, en disant que c’est l’être dont la substance a été tirée de celle d’un autre avec de nouvelles modifications ou circonstances ; car s’il ne survenoit point de nouvelles modifications, la substance communiquée ne differeroit plus de celle qui communique.

Quand une substance communique ainsi à une autre quelque chose de ce qu’elle est, nous disons qu’elle agit : mais nous ne laissons pas de dire qu’un être agit en bien d’autres conjonctures, où nous ne voyons point qu’une substance communique rien de ce qu’elle est.

Qu’une pierre se détache du haut d’un rocher, & que dans sa chûte elle pousse une autre pierre qui commence de la sorte à descendre, nous disons que la premiere pierre agit sur la seconde ; lui a-t-elle pour cela rien communiqué de sa propre substance ? C’est, dira-t-on, le mouvement de la premiere qui