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miciles du poursuivant & du débiteur, la description des biens saisis, par tenans & aboutissans, si ce n’est que ce soit un fief ; auquel cas, il suffit de le désigner par son principal manoir, dépendances & appartenances.

Elles doivent être marquées aux armes du Roi, & non à celles d’aucun autre Seigneur, à peine de nullité, & apposées à la principale porte de l’Église paroissiale sur laquelle est situé l’immeuble saisi ; à celle de la Paroisse du débiteur, & à celle de la Paroisse du siége dans lequel se poursuit la saisie réelle. (H)

Affiche, en Librairie, est un placard ou feuille de papier que l’on applique ordinairement au coin des rues pour annoncer quelque chose avec publicité, comme jugemens rendus, effets à vendre, meubles perdus, livres imprimés nouvellement ou réimprimés, &c. Toute affiche à Paris doit être revêtue d’une permission du Lieutenant de Police.

Il est une feuille périodique que l’on appelle Affiches de Paris ; c’est un assemblage exact de toutes les affiches, ou au moins des plus intéressantes : elle renferme les biens de toute espece à vendre ou à loüer, les effets perdus ou trouvés ; elle annonce les découvertes nouvelles, les spectacles, les morts, le cours & le change des effets commerçables, &c. Cette feuille se publie régulierement toutes les semaines.

AFFICHER, v. a. est l’action d’appliquer une affiche. Voyez Afficheur.

AFFICHEUR, s. m. nom de celui qui fait métier d’afficher. Il est tenu de savoir lire & écrire, & doit être enregistré à la Chambre Royale & Syndicale des Libraires & Imprimeurs, avec indication de sa demeure. Il fait corps avec les Colporteurs, & doit comme eux porter au devant de son habit une plaque de cuivre, sur laquelle soit écrit Afficheur. Il lui est défendu de rien afficher sans la permission du Lieutenant de Police.

* AFFILE, adj. (Agricult.) Les Laboureurs désignent par ce terme l’état des blés, lorsque les gelées du mois de Mars les ont fait souffrir en altérant les fibres de la fane qui est encore tendre, & qui cesse par cet accident de prendre son accroissement en longueur & en diametre.

* AFFILER, v. act. (Jardinage.) c’est planter à la ligne. Voyez Aligner.

Affiler, (terme de Tireurs-d’or.) c’est disposer l’extrémité d’un fil d’or à passer dans une filiere plus menue. Voyez Tireur d’or.

Affiler (terme commun à presque tous les Arts où l’on use d’outils tranchans, & à presque tous les ouvriers qui les font.) Ainsi les Graveurs affilent leurs burins ; les Couteliers affilent leurs rasoirs, leurs couteaux, ciseaux & lancettes.

Ce terme se prend en deux sens fort différens. 1o. Affiler, c’est donner à un instrument tranchant, tel qu’un couteau, une lancette, &c. la derniere façon, en enlevant après qu’il est poli, cette barbe menue & très-coupante qui le borde d’un bout à l’autre, que les ouvriers appellent morfil. 2o. Affiler, c’est passer sur la pierre à affiler un instrument dont le tranchant veut être réparé, soit qu’il y ait bréche, soit qu’à force de travailler il soit émoussé, en un mot un tranchant qui ne coupe plus assez facilement. Il y a généralement trois sortes de pierre à affiler : une grosse pierre bleue, couleur d’ardoise, & qui n’en est qu’un morceau, sur laquelle on ôte le morfil aux couteaux quand ils sont neufs, & sur laquelle on répare leurs tranchans quand ils ne coupent plus. Cette pierre ne sert guere qu’à affiler les instrumens dont il n’est pas nécessaire que le tranchant soit extrèmement fin. Pour les instrumens dont le tranchant ne peut être trop fin, comme les rasoirs, on a une autre pierre blanchâtre plus tendre & d’un grain plus fin que la pre-

miere, qui se trouve en Lorraine : celle-ci sert à deux usages. Le premier, c’est d’enlever le morfil : le second, c’est en usant peu-à-peu les grains de l’acier, à rendre le tranchant plus fin qu’il n’a pû l’être au sortir de dessus la polissoire ; aussi la pierre d’ardoise n’a-t-elle pas plûtôt enlevé le morfil des couteaux & des autres instrumens auxquels elle sert, que ces instrumens sont affilés. Il n’en est pas de même du rasoir, ni des autres outils qui veulent être passés sur la seconde pierre blanche, qu’on appelle pierre à rasoir. L’ouvrier fait encore aller & venir doucement son rasoir sur cette pierre long-tems après que le morfil est emporté. Il y a une troisieme pierre qu’on appelle pierre du Levant, dont la couleur est ordinairement d’un verd très-obscur, très-sale, & tirant par endroits sur le blanchâtre ; son grain est fin, & elle est ordinairement très-dure : mais pour qu’elle soit bonne, on veut qu’elle soit tendre. C’est une trouvaille pour un ouvrier qu’une pierre du Levant d’une bonne qualité. Cette pierre est à l’usage des Graveurs ; ils affilent sur elle leurs burins : elle sert aux Couteliers qui affilent sur elle les lancettes : en général elle paroît par la finesse du grain, propre pour les petits outils & autres dont le tranchant doit être fort vif, & à qui on peut & on doit donner cette finesse de tranchant ; parce qu’ils ont été faits d’un acier fort fin & à grain très-petit, & qu’ils sont destinés à couper promptement & nettement. Il y a une quatrieme pierre du Levant d’un tout-à-fait beau verd, sur laquelle on repasse aussi les petits outils, tels que les lancettes, & dont les ouvriers font grand cas quand elle est bonne.

Pour repasser un couteau on tient la pierre de la main gauche, & l’on appuie dessus la lame du couteau qui fait avec la pierre un angle assez considérable : de cette maniere la lame prend sur la pierre & perd son morfil. On fait aller & venir quatre à cinq fois le tranchant sur la pierre, depuis le talon jusqu’à la pointe, sur un des plats en allant, & sur l’autre plat en revenant ; la pierre est à sec. Le rasoir s’affile entierement à plat ; & la pierre à rasoir est arrosée d’huile. Mais comme le morfil du rasoir est fin, que le grain de la pierre est fin, & que la lame du rasoir va & vient à plat sur la pierre, il pourroit arriver que le morfil seroit long-tems à se détacher. Pour prévenir cet inconvénient, l’ouvrier passe légerement le tranchant du rasoir perpendiculairement sur l’ongle du pouce : de cette maniere le morfil est renversé d’un ou d’autre côté, & la pierre l’enleve plus facilement. La lancette ne s’affile pas tout-à-fait tant à plat que le rasoir ; la pierre du Levant est aussi arrosée d’huile d’olive, & la lancette n’est censée bien affilée par l’ouvrier, que quand elle entre par son propre poids & celui de sa chasse, & sans faire le moindre bruit, sur un morceau de canepin fort fin que l’ouvrier tient tendu entre les doigts de la main gauche. Il y a des instrumens qu’on ne passe point sur la pierre à affiler, mais sur lesquels au contraire on appuie la pierre. C’est la longueur de l’instrument, & la forme qu’on veut donner au tranchant, qui déterminent cette maniere d’affiler.

AFFILIATION, s. f. (Jurispr.) s’est dit par les Ecrivains du moyen âge pour adoption. Voyez Adoption.

Chez les anciens Gaulois l’affiliation étoit une adoption qui se pratiquoit seulement parmi les grands. Elle se faisoit avec des cérémonies militaires. Le pere présentoit une hache de combat à celui qu’il vouloit adopter pour fils, comme pour lui faire entendre que c’étoit par les armes qu’il devoit se conserver la succession à laquelle il lui donnoit droit. (H)

* AFFINAGE, s. m. (Arts mèchaniques.) se dit en général de toute manœuvre par laquelle on fait passer une portion de matiere, solide surtout, quelle