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de détourner mon éloge de l’exacte vérité, et de l’imputer à la reconnaissance et à la vénalité.

Présentez mon respect à Mme et Mlle Lafont et à leurs très-aimables élèves. Je garde très-précieusement les leçons dont elles m’ont honoré avant mon départ.

J’attends des dessins que je puisse joindre à ces lettres.

J’embrasse de tout mon cœur, si toutefois ils veulent bien me le permettre, et M. le comte de Munich, et M. le vice-chancelier et Mlle Anastasia, et Mme Clerc et le docteur ; qui sait si la fantaisie de vous aller voir ne me reprendra pas quelque jour ? Je ne crains plus la fatigue des voyages ; je suis réconcilié avec votre climat ; et vous m’avez tous diablement gâté par votre indulgence ; quand je dis tous, vous pensez bien que je n’en excepte pas Sa Majesté Impériale.

Portez-vous bien ; je ne connais rien dans ce monde dont un homme qui a pour soi l’attestation du censeur que la nature a placé au-dessous de la mamelle gauche puisse se laisser affecter jusqu’à un certain point. Faites le bien ; faites-le avec cette merveilleuse opiniâtreté que le ciel vous a donnée, ayez bon appétit ; buvez, mangez et dormez bien, jusqu’à ce que le dernier sommeil vienne fermer les yeux d’un excellent citoyen, et donner des regrets à sa nation. Monsieur le général, il faut être mort pour obtenir justice des vivants, cela est fâcheux ; mais comme tous les hommes distingués ont subi ce sort, vous aurez la bonté de vous y soumettre.

Je suis, etc.


LXV

AU MÊME[1].
À La Haye, ce 15 juin 1774.
Monsieur le général,

Votre édition va son train. Vous avez reçu l’esquisse du petit catéchisme moral. Vous recevrez incessamment la nouvelle

  1. Inédite. Communiquée par M. le Baron de Boyer de Sainte-Suzanne.