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ment à sept ou huit cents lieues de sa patrie : et Grimm dont je me sépare à Paris, incertains si nous ne nous reverrons jamais, qui parcourt un arc de cercle dont l’extrémité se termine à Pétersbourg, tandis qu’à l’insu l’un de l’autre, je parcours un arc de cercle opposé qui aboutit au même endroit sous le pôle ! Avec quelle violence on se précipite entre les bras l’un de l’autre ! On est bien longtemps à se serrer, à se quitter, à se reprendre, à se serrer encore, sans pouvoir parler. Ce voyage est plein de particularités inattendues et délicieuses. J’ai beaucoup travaillé en allant, infiniment pendant mon séjour, peu en revenant. Je vous voyais tous, dès le premier pas, à l’extrémité de ma route, et cette douce idée n’en laissait arriver aucune autre, etc.


LXIV

AU GÉNÉRAL BETZKY[1].
À La Haye, ce 9 juin 1774.
Monsieur le Général,

Vous auriez grande raison de vous plaindre si je laissais partir un voyageur d’à côté de nous sans vous donner un signe de vie. Grâce aux bontés du prince de Galitzin, je souffre moins de la prolongation de mon exil ; je laisse crier ma femme, mes enfants, mes amis et mes connaissances et je m’occupe sans cesse de l’édition de votre ouvrage. L’imprimeur hollandais a pris enfin le mors aux dents et va aussi bien qu’on peut l’exiger d’une grosse et vieille rosse poussive. Nous sommes à peu près à la moitié de notre tâche, cela aura du succès et beaucoup, je vous en réponds ; nous faisons deux éditions à la fois ; une in-4o avec tout le faste typographique ; une en in-8 ou in-12 simple et que tout amateur pourra se procurer à peu de frais.

J’ai fait usage de votre note sur l’inexactitude des gazetiers

  1. Inédite. Communiquée par M. le baron de Boyer de Sainte-Suzanne.