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J’accepte les baisers sterling de Mme Clerc, à condition que ce ne soit pas un don gratuit, et que je m’acquitterai tôt ou tard avec elle en même monnaie, ou que vous payerez Sonica pour moi ; mais n’y mettez rien de plus, parce que cela fait mal.

Mais, mon cher docteur, savez-vous qu’arrivé à Riga, il faisait le plus beau temps et le plus beau ciel ; savez-vous que nous n’avions aucune garantie de la Providence que ce beau temps et ce beau ciel dureraient ?

Savez-vous qu’un délai de vingt-quatre heures pouvait nous attirer deux mois de retard, des peines infinies et des dangers sans nombre ? Savez-vous que les glaces de la Douïna s’ébranlaient sous les pas de nos chevaux ; savez-vous qu’elles étaient entr’ouvertes de tous côtés ; savez-vous que ce passage est un des plus grands dangers que j’aie jamais courus ?

Bonjour, monsieur et très-aimable docteur, ne me grondez pas de ne vous avoir point fait d’adieux ; je n’en ai fait à aucun de ceux que j’aimais.

Lorsque vous verrez M. Devrain, témoignez-lui toute l’estime que son esprit, son talent, son caractère honnête, doux et charmant, m’ont inspirée ; chargez-le de mon respect pour M. Durand.

Ne m’oubliez pas auprès de Mme et de Mlle Lafont, et de leurs charmantes élèves que je respecte toutes.

S’il y a quelques honnêtes gens qui me veuillent du bien et que je ne me rappelle pas, ayez la bonté d’y suppléer. Je ratifie tout ce que vous leur direz de ma part.

J’attendrai, avec votre envoi, ou celui de M. le général, par les premiers vaisseaux, toutes les choses que vous me promettez ; n’y manquez pas, monsieur et cher docteur, je n’ai pas la moindre pudeur avec vous. J’accepte tout.

Bonjour, bonjour, monsieur et cher docteur, je vous embrasse, vous et madame, conjointement et séparément.

J’écrirai à M. le général Betzky l’ordinaire prochain.

Et monsieur le vice-chancelier donc ? Est-ce que vous ne lui direz rien de moi ? C’est un des hommes les plus honnêtes et les plus aimables, non pas de la Russie seulement, mais du monde entier policé.