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Tout cela ne nous a pas empêché de briser deux ou trois voitures. Nous avons fait gaiement sept cents lieues en vingt-deux jours.

À Hambourg, nous avons fait partir nos bagages par un chariot de poste pour Amsterdam, d’où ils ne nous parviendront à La Haye que sous deux ou trois jours. C’est alors que je mets les fers au feu, et que je m’occupe de votre affaire, comme j’attendrais de votre amitié qu’elle s’occupât de la mienne. Je suis encore à trois mois de mon pays, ou je n’en suis plus qu’à huit jours ; c’est selon que je trouverai le libraire hollandais plus ou moins arabe.

Dites, je vous prie, à M. le général que, de ses trois conditions, la plus difficile à remplir est celle où il m’impose la dure loi de parler de lui avec l’économie qu’il exige. Il faudra que je me tienne à deux mains. Je me conformerai pourtant à ses intentions.

Quant à l’article des gouvernements, il y aurait bien de la folie à parler mal de celui d’un pays où l’on se propose de passer le reste de sa vie ; sans compter que je suis bon Français, nullement frondeur, et que la nature de l’ouvrage ne comporte que des textes généraux, connue Monarchie, Oligarchie, Aristocratie, Démocratie, etc., textes sur lesquels on peut prêcher à sa fantaisie, et cela, sans offenser ni se compromettre.

L’affaire des religions est purement historique. J’en chargerai un habile docteur de Sorbonne que j’empêcherai d’être ni fou, ni intolérant, ni atroce, ni plat.

En lui présentant mon respect, vous aurez la bonté de lui lire ce paragraphe de mon billet, de le remercier du mot obligeant qu’il a écrit de moi au prince de Galitzin, et de l’assurer de ma reconnaissance et de mon éternelle vénération.

Si Mlle Anastasia voulait vous permettre de l’embrasser pour moi, mais comme je l’embrassais lorsque nous étions en gaieté, dans le cou, entendez-vous, docteur, à côté de l’oreille, parce que cela fait plaisir ; cette commission ne vous chagrinerait pas, n’est-ce pas ? je vous la donne donc avec la permission de Mme Clerc.

Ne me laissez pas oublier de M. le comte de Munich. Toutes les fois que je voudrai me faire une juste image de la sagesse, de la modération, de la raison, je penserai à lui.