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perfection a élevés au-dessus de la sphère commune), si vous daignez m’honorer de quelques-unes de vos commissions, croyez qu’elles seront très-ponctuellement remplies.

Falconet, son élève et moi, nous parlons souvent de vous ; et si vous pouviez nous entendre, je crois bien que vous ne seriez pas fâchée contre nous. C’est là qu’on dit volontiers la vérité lorsque ailleurs on garde le silence. Permettez-moi cependant de faire une exception en faveur du cabinet de Sa Majesté Impériale. Je puis vous assurer positivement que le mensonge n’entre pas en ce lieu quand le philosophe s’y trouve.

Le porteur de cette lettre est un honnête homme avec qui vous pourrez causer en sûreté et tout à fait à votre aise. Son respect pour vous, fondé sur une juste appréciation de votre caractère, est parfaitement sincère. Donnez-moi carte blanche pour tout ce que je dis de lui, et n’hésitez pas à croire tout ce qu’il vous dira de moi ; et alors, madame, permettez-moi de prendre votre main et de la presser très-cordialement.

Si je vous demandais une faveur, ne suis-je pas certain d’avance que vous auriez grand plaisir à me l’accorder ? Je vous prie donc de joindre vos sollicitations à celles de M. de Nariskin pour obtenir d’un M. de Demidoff (qui, soit dit en passant, professe sur le compte du peuple français une opinion à peu près aussi flatteuse que la vôtre, mais qui a bien voulu faire une exception en ma faveur, parce que la politesse ordonne toujours qu’on épargne les gens présents), pour obtenir de ce M. de Demidoff certains échantillons d’histoire naturelle qu’il possède, fossiles, minéraux, coquillages, etc. Bien qu’un peu bilieux et insociable, ce M. de Demidoff est un très-digne homme, et il ne sera pas nécessaire de le presser beaucoup sur un point où il s’est engagé déjà ; d’autant plus qu’il est lié par la réception toute obligeante que lui a faite M. Daubenton, au cabinet d’Histoire naturelle. Veuillez aussi le prier de faire étiqueter les échantillons dont il me fera présent.

Je ne néglige aucun effort pour m’instruire ici, et il y a deux moyens d’y réussir : le premier, c’est d’interroger toujours quand on ignore les choses, et d’interroger les gens qui peuvent vous renseigner, et c’est ainsi qu’on acquiert quelque connaissance de la vérité ; le second, c’est de chasser la folie qui a pris possession de votre cerveau ; car une fois la fantaisie mise dehors,