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estampe dont je me sois servi ; et l’on me croira, parce qu’on me connaît.

Si M. Luneau a dit qu’une autorité respectable m’avait constitué médiateur entre lui et le syndic de la communauté dans l’affaire de la saisie[1] il a dit une vérité ; mais si par hasard il avait entendu ma médiation à l’affaire de l’Encyclopédie, il aurait dit un mensonge impudent dont un homme moins scrupuleux encore que M. Luneau ne pourrait être soupçonné.

À juger du fond de cette affaire par la lecture de votre Mémoire, le seul que je connaisse et que je veuille connaître, je vois bien de quoi m’adresser une bonne ou mauvaise critique, mais non de quoi vous faire un procès. Aussi n’entends-je rien au procédé de M. Luneau, qui passe pour un homme doux, simple, droit et surtout pacifique.

J’avoue qu’il est affligeant, messieurs, après quarante à cinquante ans d’une probité reconnue dans son commerce et récompensée par des fonctions distinguées dans son corps et dans la société, de se voir tout à coup accusé de malversation et de mauvaise foi ; j’avoue qu’il est triste, après une vingtaine d’années de persécutions que j’ai bien partagées, d’être troublé dans la jouissance d’une fortune que vous avez méritée par votre travail ; mais une autre position plus fâcheuse encore que la vôtre, ce serait d’avoir perdu son honneur et gardé son édition ; et cela n’est pas sans exemple.

Je suis très-parfaitement, messieurs, etc.


LVII

À MADAME…[2]
Novembre 1771.

Vous permettez donc, madame, qu’on ajoute quelques mots au jugement que vous venez de porter de l’Éloge de Fénelon par M. de La Harpe, et je vais user de la permission.

  1. L’affaire de la saisie a été définitivement jugée le 30 janvier 1770, et il n’y en a point d’appel. (Note des libraires.)
  2. Dans la Correspondance de Grimm (novembre 1771), cette lettre est précédée de celle de Mme M***. Ne serait-ce pas Mme de Meaux ?