Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XX.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pêchée, sans qu’on puisse deviner pourquoi. J’ai fait ce que j’ai pu pour en pourvoir mes amis, sans y réussir. J’avais un exemplaire de présent, et cet exemplaire court la ville et les champs. Voyez Merlin, c’est lui qui a le livre. J’ai une bien autre grâce à vous demander que vous ne me refuserez certainement pas : c’est de ne point faire mention dans vos Mémoires des sept derniers volumes de l’Encyclopédie charpentés. Le fait ne peut être su que par moi. Il est étranger à votre affaire. Je pense encore avoir des démêlés d’intérêts avec les associés. Cela pourrait les irriter et m’embarrasser. Ainsi j’attends de vous cette marque d’estime que je saurai bien vous rendre dans l’occasion. Si c’était un fait qui pût servir au fond de votre procès, je me garderais bien de vous en demander la suppression. Cette demande serait injuste. Je vous salue et vous embrasse de tout mon cœur. Si je puis me procurer les Dialogues, si mon exemplaire me revient, vous l’aurez sur-le-champ. Vale iterum et litiga fortiter.


XLIX


À SARTINE[1]
Paris, ce 10 mars 1770.
Monsieur,

Vous désirez savoir mon sentiment sur l’ouvrage que vous avez bien voulu me confier, et que je vous renvoie[2]. Le voici : Je le trouve dur, sec, plein d’humeur et pauvre d’idées. L’auteur ne me paraît ni assez pourvu d’expérience, ni assez fort de raisons pour briser son adversaire comme il se l’est promis. Il le calomnie en plusieurs endroits ; il affecte de ne pas l’entendre, ou il ne l’entend pas en quelques autres. Ses réponses

  1. Cette lettre, publiée sans nom de destinataire dans les Mélanges de Fayolle, est certainement adressée à Sartine, qui prenait volontiers Diderot comme censeur ainsi que le prouvent la fin même de cette lettre et la suivante.
  2. Il s’agit de l’ouvrage qui a pour titre : Réfutation du Dialogue sur le commerce des blés, par Morellet, 1770, in-8.