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II


Extrait d’un mémoire présenté en 1768 à monsieur le chancelier, par MM***, libraires de Paris, pour obtenir la permission de faire une nouvelle édition de l’Encyclopédie en France[1].


Cet extrait n’est point étranger à la cause que je viens de traiter ; il doit servir à démontrer que le public ne pouvait manquer d’être la dupe de cette entreprise, puisqu’on lui en a toujours donné une idée différente de celle qu’il devait en prendre. En plaçant ici ce morceau, je n’ai pas eu envie de faire la satire ni la critique du Dictionnaire encyclopédique ; j’ai voulu mettre tout le monde à portée de connaître, par le témoignage de M. Diderot, comment et par où l’Encyclopédie méritait en 1768 les éloges qu’il lui a prodigués en 1750. Afin qu’on puisse la comparer à tout instant au jugement que ce grand homme en porte actuellement, j’ai placé en notes les endroits du prospectus de l’Encyclopédie qui ont le plus de rapport avec le mémoire dont il est ici question[2]. J’entre en matière.

Les libraires qui ont présenté ce mémoire à M. le chancelier lui rendent compte des raisons qui doivent le déterminer à permettre qu’on fasse une nouvelle édition de ce dictionnaire en France. Ils répètent ce que le sieur Diderot leur a dit à ce sujet. Il faut se rappeler qu’on lit dans le prospectus que l’Encyclopédie n’était pas un ouvrage à faire :

« Notre dessein a été de la purger de tous les défauts inséparables d’une première tentative… de réparer les bévues, les er-

  1. Les factums de Luneau de Boisjermain nous ont déjà fourni trois lettres qui y étaient enfouies. Nous en extrayons encore la conversation que voici, et celle que Luneau eut avec le philosophie lors des premiers bienfaits de Catherine. Il va sans dire que nous ne nous portons point garant de l’exactitude absolue des réflexions et jugements qu’il lui impute. Les opinions de Diderot sur son œuvre et sur ses collaborateurs sont au moins fort vraisemblables, car il se dissimulait moins que personne les imperfections d’une telle entreprise. Quant à son entretien avec Luneau dans la rue, c’est un croquis amusant qui pourrait prendre place à côté de celui de Garat.
  2. Nous les supprimons.