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vous avez connu. Il vous expose lui-même dans sa lettre, où celle-ci sera renfermée, la sorte de service qu’il espère de vous. C’est un galant homme qui mérite à tous égards que je me mêle de son affaire, et que je vous prie de vous en mêler. Voyez donc ce que vous pouvez faire pour lui et pour son parent. On est satisfait de lui. Il désirerait de suivre ses élèves à Leipsick ou de retrouver à Pétersbourg une place équivalente à celle qui va lui manquer.

Si vous réussissez à l’une ou l’autre de ces deux choses, je vous réponds d’une double reconnaissance : celle de M. de Romilly et la mienne. Il me semble que je vous vois d’ici, si par hasard ce billet vous arrive à contre-temps, et vous surprenne en verve, la tête chaude, l’ébauchoir à la main et les yeux attachés sur la tête ou la jambe de votre cheval. Vous jurerez, vous sauterez, vous trépignerez, vous direz : « Que maudits soient les amis de Paris, leurs protecteurs et leurs protégés qui viennent me faire perdre un moment heureux que je ne retrouverai plus ! » Je sais tout cela, et si j’étais à Pétersbourg, je me garerais de la faute que je commets ; je m’avancerais tout doucement vers la porte de l’atelier, j’ouvrirais cette porte plus doucement encore, et si je voyais mon ami agité du démon qui vient quelquefois sans qu’on l’appelle et qu’on a beau appeler quelquefois sans qu’il vienne, je m’en retournerais comme je serais venu.

M. de Romilly, s’il m’en croit, recommandera à son parent d’attendre le soir pour vous remettre nos lettres, le moment où mon ami, content du travail de la journée, se repose et se félicite. C’est le moment de la faveur. Il sera accueilli, nous serons lus avec plaisir, mon ami promettra tout ce qu’on lui demandera en mon nom, et comme il est homme de parole, il fera tout ce qu’il aura promis, et il aura obligé trois personnes, ce qui n’est pas d’un petit mérite à ses yeux. Encore un mot d’autre chose, puisque j’en ai la place. Le diable ne trouverait pas un Le Brun de chevalet. Pour des Vandermeulen, voici la troisième fois que je vous écris que j’en ai deux superbes, sous la main. Ce sont deux sujets de batailles idéales. Ils ont été peints en Hollande. Ce sont deux Teniers pour la touche. Ils appartiennent à Michel Van Loo de qui je les obtiendrais. Ils ont été appréciés, pour la veuve, à l’inventaire de Carle, 16,000. Michel