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Dites à Mlle Collot que son jeune frère est apprenti imprimeur chez Le Breton.

J’ai reçu l’épître de l’abbé Beaudeau avec la petite apostille de votre main. Si l’abbé est encore à côté de vous, buvez tous les trois à ma santé.

Celui qui attend cette lettre, et qui vous la remettra, s’impatiente.


XXII


Je suis charmé, mon ami, que vous ayez des duplicata de vos lettres ; grâce à cette précaution de votre part, je ne perdrai rien. Vous n’aurez, ma foi, pas la même consolation. Mes réponses sont entre les mains de gens qui ne vous les restitueront pas, et je n’en ai point fait de copies. J’en suis un peu fâché pour vous et pour moi, car j’y agitais quelques questions importantes sur lesquelles il ne me reste pas une des idées que je vous communiquais.

Mon ami, soyez tranquille, vous avez auprès de moi tout le mérite, toute l’honnêteté de l’offre de votre maison, et vous n’avez rien perdu du reste. Je n’aurais jamais eu l’injustice d’accepter un domicile dont vous auriez payé la location à votre fils. Ce qu’on fait dans ce réduit, le temple de l’amitié ? mon ami, on y fait l’amour. Celle qui l’occupe, si j’en juge par ses liaisons, doit être une femme honnête. Elle est maîtresse d’elle-même, et l’on m’a dit qu’elle avait disposé depuis longtemps de son cœur en faveur d’un galant homme dont elle fait le bonheur et qui fait le sien. Eh bien, mon ami, on pratique sous ton berceau la morale que j’y aurais prêchée. Si Épicure n’y est pas, Léontium y est.

Je ne vous dirai pas autrement de l’ordre que Sa Majesté Impériale a donné à Mlle Collot d’exécuter en marbre le buste de votre ami, que ce que j’ai écrit au prince de Galitzin. Combien je me reconnais au-dessous de cet honneur ! Que c’est ainsi qu’on force les hommes à tenter quelque grande chose, quand