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plus grand gré. Parlez à monsieur le général, et dites-lui bien que quand il aura les tableaux sous ses yeux, j’espère qu’il se réconciliera avec le prix. Au reste, on a mis nos artistes en besogne sans rien stipuler ni sur le prix, ni sur l’étendue, ni sur le sujet. On s’est contenté de parler de la perfection du travail ; ils y ont tendu de toute leur force ; il n’y a rien à leur objecter. Il faut seulement une autre fois s’expliquer avec eux plus précisément. Le prince Galitzin, furieux, dit qu’ils sont malhonnêtes ; il a tort.

Adieu, mon ami, adieu, bonne amie, je vous salue et vous embrasse tous les deux. Nous causerons une autre fois plus à notre aise et plus au long.


Ce 30 mars 1709.


XIX


À peine, mon ami, me laisse-t-on le temps de vous dire un mot. Je ne sais si vous aurez reçu mes dernières lettres. Quoi qu’il en soit, voici une occasion de m’obliger essentiellement. J’ai acquis à la vente Gaignat, pour Sa Majesté Impériale, cinq des plus beaux tableaux qu’il y ait en France : un Murillo, trois Gérard Dow et un J.-B. Van Loo. La somme est assez forte, bien qu’elle soit très-au-dessous du mérite de ces morceaux. Je suis sous la main de justice, qui a fait la vente des effets Gaignat. La justice n’entend pas raison. Ayez donc l’amitié pour moi de voir monsieur le général, et de le supplier très-instamment de me faire passer des fonds et de me tirer de souci. Ne le quittez pas que vous n’ayez vu ces fonds expédiés.

Rendez-vous aussi agréable à vos confrères de Paris, en obtenant que les morceaux que l’on a commandés à Vien, qui n’aime pas à attendre, à Machy, qui n’est pas en état d’attendre, et à Casanove, qui est écrasé de dettes, soient promptement acquittés.

J’ai reçu vos présents. Je vous en ai déjà dit quelque