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ne faut pas que je me repente de mon conseil. Vous dites donc : que Mlle Collot travaille toujours, qu’elle soit honnête, et je peux répondre de son bonheur. Il fallait ajouter : en dépit de tous les envieux et de tous les calomniateurs du monde.

J’accompagnai M. Chotensky à la seconde visite, et je tâchai de réparer par beaucoup de gaieté le ridicule de la première. On n’a fait cette histoire que pour satisfaire la curiosité de la comtesse d’Egmont ; on n’a aucun dessein de la publier ; on fera lecture à M. Chotensky afin qu’il en juge par lui-même et on n’a nulle répugnance à en faire passer une copie à Pétersbourg ; pourvu que Sa Majesté Impériale en marque l’envie, ce qu’on n’ose présumer ; car nous sommes surtout modestes. Voilà le résultat de cette affaire que M. de Rulhières traduit comme il lui plaît.

Je ne sais pourquoi vous renonceriez à l’acquisition Gaignat. Je tiens des héritiers et de Remy, le brocanteur de M. de Choiseul, que celui-ci n’y pense pas.

Que me dites vous là des amis que vous avez à Pétersbourg et de l’approbation qu’ils ont donnée à votre conduite et à votre factum. Par Dieu, je sais bien que ma façon haute et fière n’est pas commune, et je sais tout aussi bien qu’elle est de tous les temps, de presque de toutes les circonstances et de tous les pays. Je ne traduirai jamais personne ni devant le législateur, ni devant les lois pour un libelle ; à plus forte raison pour un propos.

Sa législation imaginaire. Cela est bientôt dit. Donnez-vous la peine de lire la République de Platon, et lorsque vous aurez eu le courage de mépriser l’un, je ne vous permettrai pas encore de dédaigner l’autre. M. de la Rivière ne connaît pas les hommes ! Je l’ai dit, oh ! je suis tout aussi capable qu’un autre de dire une absurdité, mais celle-là ! soyez-en bien sûr avant que de me l’imputer. J’ai dit d’un homme qui a administré avec un applaudissement général et au grand désespoir des fripons une de nos plus importantes colonies, à deux reprises et pendant quatre ans… Ma foi, ou je dormais bien profondément ou vous avez fait un étrange rêve. Peu importe lequel des deux. Les Russes, mon ami, les Russes sont comme tous les autres hommes du monde ; blessés de la fierté quand elle est déplacée, dupes de la flatterie quand elle est adroite : Cui male si palpere, recalcitrat undique totus.