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selle, voyez donc comme il entend, comme il obéit, comme il est galant.

Mais votre tête n’est pas si ingrate à faire que vous croiriez bien. Vous n’êtes pas beau ; mais vous avez du caractère et de la finesse. Vous devez ressembler beaucoup, si elle vous a fait en marbre, comme elle vous connaît en chair et en os.

Je vous aime de toute mon âme ; je crois que vous m’aimez, et toutes vos ruades ne me désabuseront jamais. N’allez pas partir de cet aveu pour en devenir plus hargneux. La dose est honnête, et j’en suis content.

Je ne saurais faire la moindre tournée dans les environs du Louvre sans rencontrer des : Comment se porte-t-il ? comment se porte-t-elle ? avec une pacotille de souhaits, d’amitiés, de marques d’intérêt à vous envoyer.

Les échafauds sont toujours autour de votre saint Ambroise, et je crains bien que vous ne les y trouviez à votre retour. Arrangez cela, comme vous pourrez, avec l’amitié chaude et sincère qu’il vous porte. Mais où serait l’inconvénient d’en écrire un mot, bien doux, bien honnête au Marigny ? Voyez pourtant.

J’ai entrevu une fois ou deux M. de Bourlamaque ; mais il y a longtemps. Dites-moi à qui je dois m’adresser, si vous voulez savoir ce qu’il est devenu.

La réserve de M. de la Fermière ne me surprend point ; elle est de son caractère et de sa position. Quel que soit le motif de ses visites, il est honnête. Il n’est pas homme à mauvais rôle ; il vous aime peut-être (ou Mlle Collot).

La femme qui peint rue d’Anjou est une Berlinoise, la meilleure créature du monde. Elle a été reçue à l’Académie sur un tableau de nuit qui n’est pas sans mérite. C’est un auto-da-fé, et son faire, qui n’est de personne, ne permet pas d’en douter. Je lui ai lu l’endroit de votre lettre qui la concerne, et elle en tombe à vos genoux. Vous êtes trop poli, mon cher ours, pour ne pas la relever.

J’attends votre Hirmenioff ; mais que diable voulez-vous qu’il fasse ici, sans y être pensionné ?

Je ne sais comment j’annoncerai la mauvaise nouvelle à ce pauvre Simon. Si vous le voyiez, mon ami ! mais enfin nous sommes quittes avec nous et avec lui. C’est pourtant un bon diable qui a le malheur d’avoir vécu trop longtemps, et qui ne