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un caprice, un tour d’esprit brusque, elle donne l’entorse à quelque partie. Son ouvrage le plus parfait est celui qui a le moins de défauts.

Mon Falconet, tenez à Mlle Collot la promesse que je lui faisais, un soir, quelques jours avant votre départ. Comme elle était incertaine ! comme elle pleurait ! et moi je lui disais que, par votre séjour seul dans une terre étrangère, vous vous deviendriez plus nécessaires, plus chers l’un à l’autre.

On ne me laisse qu’un moment pour vous assurer que je vous aime de tout mon cœur, et je me hâte de vous dire oui, je vous aime autant que si je n’avais point cessé d’être à côté de vous. Si vous ne me croyez pas, c’est que vous n’avez pas au fond de vos cœurs l’assurance de mes sentiments pour vous et que vous êtes deux ingrats.

Je retourne souvent dans la petite maison, et j’ai toujours du plaisir à me rappeler les moments doux que nous y avons passés. Ne nous y reverrons-nous donc plus ! J’ai saccagé cette année tous les bouquets ! Oh ! les belles pêches ! les belles prunes !

Combien j’aurai de pommes et de poires ! Ce ne seront pas les feuilles, ce sera la multitude des grappes de raisins qui, pressées, entassées les unes sur les autres, feront ombre sous le berceau.

Hélas ! je jouirai de cela tout seul. Le figuier qui nous donnait de si bonnes, de si grosses figues, est mort.

Mademoiselle, j’ai huit cents francs à vous. Que faut-il que j’en fasse ? S’ils doivent être employés à des emplettes à votre usage, songez que le moment favorable est celui d’un long deuil.

Mon ami, j’attends toujours ta réponse à certains articles de ma dernière lettre. Ne diffère pas davantage.

Vous connaissez sans doute le cabinet de tableaux et la bibliothèque de Gaignat.

Il est mort, cet homme singulier qui avait ramassé tant de belles choses en littérature, sans presque savoir lire, tant de belles choses dans les arts, sans y voir plus clair qu’un quinze-vingt. Eh bien, je ne désespérerais pas d’acquérir ces deux précieuses collections, dont l’une ne se referait pas en un siècle et dont l’autre serait impossible à refaire, quelque temps et quelque