Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XVIII.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion. Ma supplique se réduisait à ces quatre mots : Je suis l’ami de Falconet, et Falconet n’est pas homme à faire son ami d’un méchant et d’un sot. C’est à peu près ce que vous avez dit plus élégamment, plus académiquement.

Monsieur le secrétaire s’attend que je contribuerai aux progrès des arts et à l’honneur de l’Académie, et je ne l’en dédirai pas. J’élèverai des paradoxes sans fin. Mon ami Falconet les résoudra, et c’est ainsi que je servirai les arts, l’Académie et la vérité. Je serai la pierre à aiguiser :

                                                            Acutum
Reddere quæ ferrum valet, exsors ipsa secandi
[1].

J’ai de temps en temps besoin d’un commentaire qui ne laisse pas subsister une ligne du texte, et vous le ferez. Je serai le vent du midi qui assemble les nuées, et vous le vent du nord qui les balaye.

Je ne sais si vous avez vu mon premier remerciement à l’impératrice. Il y avait, je crois, quelques mots d’âme dont vous auriez été satisfait. Pour le second, je vous conseille de l’approuver en entier.

Vous ignorez ce qui s’est passé ici à l’occasion du second, du troisième, du quatrième bienfait ; j’en ai tant reçu que je ne sais plus lequel.

M.  le prince de Galitzin jugea à propos d’observer par apostille à une de ses lettres à M.  le général Betzky que ma pension était de 100 pistoles et non de 50. Je craignais tellement que cette apostille ne parût concertée entre le prince et moi que j’en tombai malade. Je ne méprise pas l’argent, parce que je suis époux et père, parce que j’en sais faire usage, parce que j’ai des parents et des amis pauvres ; parce qu’on n’en aura jamais trop tant qu’il y aura des malheureux et qu’on sera bienfaisant. Mais il y a des choses que je prise infiniment davantage. Sa Majesté Impériale et M.  le général Betzky ont senti mon inquiétude, puisqu’ils n’ont pas dédaigné de me rassurer.

Pour la troisième fois, je vous le dis. Je ferai ce que vous attendez de moi. Je vous en réitère le serment. Mais, mon

  1. Horat., Epître aux Pisons, v. 302.