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NOTICE PRÉLIMINAIRE Madame de Vandeul[1] et Diderot lui-même, dans une lettre à Falconet, nous ont appris que le philosophe avait un jour rédigé une dédicace au vieux duc Louis d’Orléans pour lui présenter une satire dirigée contre les Encyclopédistes par un littérateur famélique. Du récit même de Mme  de Vandeul nous avions toujours conclu que le coquin naïf qui essayait ce chantage et le M. Rivière, « beau, jeune, éloquent, ayant le masque de la sensibilité, le don des larmes », dont elle parle aussitôt après, étaient deux personnages distincts, quand la lecture de ce dialogue éveilla un doute que rien n’est venu dissiper.

En effet, Diderot écrit à Falconet : « J’avais retiré de la misère un jeune littérateur qui n’était pas sans talent. Je l’avais nourri, logé, chauffé, vêtu pendant plusieurs années », et Mme  de Vandeul, parlant de Rivière : « Il l'aida dans quelques ouvrages et plusieurs fois lui donna quelques louis. » — « Le premier essai de ce talent que j’avais cultivé, continue Diderot, ce fut une satire contre les miens et moi. Le libraire, que je ne connaissais pas, plus honnête que l’auteur, m’envoya les épreuves et me proposa de supprimer l’ouvrage. Je n’eus garde d’accepter cette offre. La satire parut. L’auteur eut l’impudence de m’en apporter lui-même le premier exemplaire. » Malgré les légères divergences qu’on remarque entre ce récit et celui de Mme  de Vandeul, il n’en est pas moins constant que l’anecdote est la même. Diderot ne dit rien, il est vrai, dans le dialogue, de sa visite à l’abbé Rivière, ni de la dédicace au duc d’Orléans, mais l’apologue du formicaleo jeté en note au bas de Lui el Moi, la rencontre dans un café et les derniers mots de l’entretien : « Je n’ai point de père... — Vous prenez tout au

  1. Voir tome I, p. 47, Voir aussi tome XVIII, la lettre à Falconet du 6 septembre 1768.