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NOTICE PRÉLIMINAIRE




Si l’on en croyait les Mémoires secrets, Diderot, en allant en Champagne au mois de juillet 1770, avait un tout autre but que d’accompagner Mmes de Meaux et de Prunevaux. Le Système de la nature venait de paraître, et, comme il lui était généralement attribué, il lui donnait beaucoup d’inquiétudes. « Lors de son explosion, il se tint à Langres et avait des émissaires à Paris qui l’instruisaient de ce qui se passait. Au moindre mouvement contre lui, il était disposé à passer en pays étranger. »

Rien dans le récit de ce voyage ou dans les lettres à Mlle Volland et à Grimm, ne trahit cette préoccupation. Il oublia bien un peu Sophie auprès de ces deux dames — on le devine aux protestations d’amour qu’il adressait plus tard à son amie (Lettre du 12 octobre 1770), et il ne dissimula pas assez son mécontentement de la faveur de M. de Foissy près de Mme de Prunevaux ; mais, quel que soit le motif qui l’ait éloigné pendant un moment de la rue Taranne, nous lui devons un des meilleurs petits papiers du philosophe. On ne lit pas sans émotion la page où il évoque si tendrement le souvenir de son père et de sa mère, on admire la pénétration de son génie qui, huit ans avant la publication des Époques de la nature, lui faisait esquisser à grands traits les diverses phases des révolutions du globe.

On a vu (t. V, p. 263) que le conte des Deux amis de Bourbonne appartient par le fond, sinon par les détails, à Mme de Prunevaux et que Diderot lui laissa le plaisir de l’envoyer au Petit frère, c’est-à-dire, malgré la crédulité dont Grimm accuse ce correspondant, à Grimm lui-même.

M. Rathery possédait deux documents fort précieux copiés de la même main et qui justifient notre conjecture : la lettre attribuée au curé Papin et une autre lettre sans signature, écrite certainement par