Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XIX.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au moins je ne m’appauvrirai pas. À propos, ma bibliothèque est comme vendue ; ce sont MM. Palesy, de Farges et un troisième qui la prennent[1].

Mais vous ne m’avez rien dit d’un papier de Voltaire que je vous ai envoyé la dernière fois.

J’ai enfin cette tragédie allemande, et l’agréable, c’est que je ne la tiens pas de M. de Montigny. Je reçois de temps en temps la visite de deux petits Allemands ; ce sont deux enfants tout à fait aimables et bien élevés. Je leur ai témoigné l’envie de connaître cet ouvrage, et ils me l’ont traduit en deux ou trois jours ; je ne sais encore ce que c’est. Il est difficile qu’un ouvrage dont Grimm fait un cas surprenant ait été défiguré au point de ne pas mériter de vous être envoyé… Je vous rendrai si intéressante là-bas que je me susciterai quelque autre rivale qu’Uranie, qui nous coupera l’herbe sous le pied à tous deux. Adieu. Soyez plus sage, et vous vous porterez mieux. Vous souhaiteriez que le moine blanc et Morphyse s’entendissent : vous ne voulez donc pas revoir Paris ?


LXI


À Paris, le 2 octobre 1761.


Ils sont venus à Paris précisément comme j’en sortais, et nous ne nous sommes point vus ; seulement, à mon retour de la campagne, j’ai trouvé deux billets, un d’elle et l’autre de lui.

J’ai passé deux jours à Massy avec le mari et la femme[2] ; nous nous sommes beaucoup promenés. Mme Le Breton est mille fois plus folle qu’il ne convient à son âge, à sa piété et à son caractère. Je voudrais bien savoir ce que cette femme a été dans sa jeunesse. Elle était fort liée avec une Mme de la Martillière ; ainsi à la juger d’après le proverbe[3] tout serait dit. Vous savez

  1. Ce marché ne se réalisa pas. Ce ne fut qu’on 1765 que Diderot vendit sa bibliothèque à l’impératrice Catherine.
  2. Avec Le Breton et avec sa femme.
  3. Dis-moi qui tu hantes et je te dirai qui tu es.