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Quant à Daphné, vous conviendrez que cette fille était de mauvais goût, et qu’avec toutes les raisons qu’elle avait de se défier d’un chanteur qui allait jusqu’au la, il valait mieux risquer d’être déesse que de s’exposer à devenir laurier et faire la récompense de l’amant que la couronne du poète.

Enfin, madame, je n’ai ni les vices ni les vertus d’Apollon, seul de ses frères à qui leur père ait accordé un équipage et même assez brillant. Il tranchait du petit-maître et personne ne l’est moins que je ne le suis. Né jaloux jusqu’à la fureur, il fit à Vénus une tracasserie dont je suis incapable, car si je ne parviens pas à me procurer le bonheur de Mars, je ne suis pas homme à donner à Vulcain avis de son malheur.


IX

AU PRÉSIDENT DE BROSSES[1].


À Paris, ce (sic) janvier 1755.
Monsieur,

C’est dans l’état où était votre manuscrit sur la matière étymologique et non dans celui où vous vous proposez de le porter que j’en ai été enchanté. Je serais trop difficile si je ne demandais un mieux que je ne conçois pas. Je l’accepte donc comme je l’ai vu et comme il est, et je l’accepte avec toutes les conditions que vous y mettez. Les unes sont trop justes, les autres, nous faisant un devoir de reconnaître devant le public l’obligation que nous aurons, nous sont trop agréables. Ayez donc la bonté de recueillir en notre faveur les fragments dispersés de votre manuscrit et de les adresser à Le Breton, libraire et imprimeur, rue de la Harpe, vis-à-vis de la rue Saint-Séverin. C’est un des associés de l’Encyclopédie.

  1. Inédite. Communiquée par M. Boutron-Charlard.