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Bonjour, je vous embrasse de tout mon cœur, et si vous en doutez, c’est par coquetterie, afin que je vous embrasse encore une fois.


VII


1770.

Monsieur et cher abbé, tout ce que vous me dites est fort bien dit, mais cela n’en fait que plus de mal ; vous m’auriez beaucoup obligé, si vous eussiez jeté les hauts cris. Vous êtes d’une modération tout à fait désespérante ; après les douleurs d’un mal d’oreilles de quinze jours, une nouvelle telle que vous m’apprenez ne réconcilie pas avec la vie. Je n’ai ni perdu ni oublié vos deux comédies ; mais dussé-je vous ruiner, il est dit que je ne vous les rendrai qu’après les avoir lues. C’est une fatalité à laquelle je vous conseille de vous résigner, cela vous sera d’autant plus facile que je ne vois pas ce qui peut vous en arriver de pis. Si j’étais un fermier général, je vous prierais de m’envoyer les quatre autres, et tout serait réparé. Persuadez donc à Mlle Le Gendre de me remettre ce bon qu’elle me retient depuis plus de deux ans ; voilà le moment d’en faire un bon usage. Si Barbou nous manque, peut-être trouverons-nous quelque autre libraire qui le remplacera sans aucun dommage pour vous. Il faut au moins que cela soit pour la tranquillité de ma conscience. Bonjour, je vous salue et n’ose vous embrasser.


VIII


1770.

Monsieur et cher abbé, vous n’avez point vu ces dames depuis huit jours ; et cela est fort mal fait à vous. Si vous les eussiez vues, elles vous auraient appris que j’étais sur le grabat, et vous seriez venu vous asseoir à côté du malade. Vous n’en avez rien fait ; mais Philémon et Baucis sont réunis, et je vous pardonne.