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Je vous salue ; je vous serre entre mes bras ; j’ai l’âme pleine de douleur ; une seule espérance me soutient, c’est celle de retrouver une femme que j’aime, et de lui ramener un homme dont elle a toujours été tendrement aimée. Madame Bouchard, je vais dans une contrée où je songerai à votre goût pour l’histoire naturelle, et à la douceur des baisers en croix ; j’en aurai quelques-uns si Dieu me prête vie ; mais ce ne sera pas dans les premiers huit jours ; j’espère que vous voudrez bien abandonner mes joues à Mlle Volland et à Mme de Blacy ; elles seront si aises de me revoir !

Bonjour, toutes ; songez toutes à moi ; parlez-en ; dites-en du bien, dites-en du mal : pourvu que vous en parliez avec intérêt je serai satisfait. Je vous réitère mes tendres et sincères amitiés. Ne vous attendez, de Pétersbourg, qu’à des généralités. Nous ferons le carnaval ensemble : je vous le promets. Adieu, adieu.

J’espérais trouver Grimm à Pétersbourg, à la suite de la princesse d’Armstadt dont une des filles va épouser le grand-duc ; tout a été dérangé, et le temps de cette fête et le voyage de Grimm ; je n’ai pas appris cette nouvelle sans chagrin.


CXXXVI


Pétersbourg, le 20 décembre 1773.
Mademoiselle et bonne amie,

Après avoir été tourmenté des eaux de la Neva pendant une quinzaine, j’ai repris le dessus ; je me porte bien. Je suis toujours dans la même faveur auprès de Sa Majesté Impériale. J’aurai fait le plus beau voyage possible quand je serai de retour. Nous partirons, Grimm et moi, dans le courant de février. Je vous salue et vous embrasse aussi tendrement que jamais. Mille tendres compliments à Mme de Blacy, mon amoureuse, et à M, et Mme Bouchard, à l’abbé Le Monnier et à M. Gaschon. Combien nous en aurons à dire au coin de votre foyer !