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qués[1], le Militaire philosophe[2], l’Imposture sacerdotale[3], des Doutes sur la religion[4], la Théologie portative[5]. Je n’ai lu que ce dernier. C’est un assez bon nombre de bonnes plaisanteries noyées dans un beaucoup plus grand nombre de mauvaises. Voilà, mesdames, de la pâture qui vous attend à votre retour. Je ne sais ce que deviendra cette pauvre Église de Jésus-Christ, ni la prophétie qui dit que les portes de l’enfer ne prévaudront jamais contre elle. Il serait bien plaisant qu’on élevât des temples chrétiens à Tunis ou Alger, lorsqu’ils tomberont en ruine à Paris. Ainsi soit-il, pourvu qu’on ne vienne pas nous couper le prépuce lorsque les musulmans se feront baptiser ; j’aime encore mieux le baptême que la circoncision : cela fait moins de mal.

Tout à travers la besogne de M. de …, j’ai clandestinement entamé la mienne ; Grimm est ruiné, si cela continue. Le seul tableau de Doyen m’a fourni quinze à seize pages.

Tout cela est fort bon ; mais maman s’impatiente de ne pas trouver jusqu’ici un mot de réponse à votre lettre. Mademoiselle, cette lettre est charmante. Combien je vous en aimerais, si je pouvais vous aimer davantage ! mais de grâce tâchez donc de vous rassurer. Est-ce qu’il ne serait pas plus agréable pour vous de me croire paresseux, négligent, occupé, que malade ou mort ? Est-ce que je ne vous ai pas dit cent fois que j’étais éternel ? est-ce que jusqu’à présent ce n’est pas vrai ? N’allez pas prendre cela pour un mensonge officieux : c’est la pure vérité.

  1. Les Prêtres démasqués, ou des Iniquités du clergé chrétien (ouvrage traduit de l’anglais et refait en grande partie par le baron d’Holbach) ; Londres (Amsterdam, M. M. Roy), 1768, in-8o.
  2. Le Militaire philosophe, ou Difficultés sur la religion proposées au P. Malebranche ; Londres (Amsterdam, M. M. Rey), 1768, in-8o ; ouvrage refait en grande partie par Naigoon, sur un manuscrit intitulé : Difficultés sur la religion proposées au P. Malebranche. Le dernier chapitre est du baron d’Holbach.
  3. De l’Imposture sacerdotale, ou Recueil de pièces sur le clergé, traduites de l’anglais (par le baron d’Holbach) ; Londres (Amsterdam, M. M. Rey), 1767, in-8o.
  4. Doutes sur la religion, suivis de l’Analyse du Traité théologi-politique de Spinosa (par le comte de Boulainvilliers) ; Londres, 1767, in-12. Le premier de ces ouvrages est regardé comme étant de Guéroult de Pival.
  5. Théologie portative, ou Dictionnaire abrégé de la religion chrétienne, par l’abbé Bernier (c’est-à-dire par le baron d’Holbach) ; Londres (Amsterdam, M. M. Rey), 1768, in-8o.