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EXTRAIT D’UN OUVRAGE ANGLAIS
SUR
LA PEINTURE[1]
1763




« L’article suivant est de M. Diderot. Il prétend l’avoir tiré d’un ouvrage anglais. En attendant que je sois à portée de vérifier le fait, je lui soutiens qu’il en a tiré les trois quarts de sa tête, sauf à me décider sur le quatrième quand j’aurai examiné : c’est donc le philosophe qui va prendre la plume ».

          (Correspondance de Grimm, 15 janvier 1763.)

Je viens de lire la traduction d’un petit ouvrage anglais, sur la peinture, qu’on se propose de faire imprimer. Il est rempli de raison, d’esprit, de goût et de connaissances. La finesse et la grâce même n’y manquent point. C’est, pour le tour, l’expression et la manière, un ouvrage tout à fait à la française. L’auteur s’appelle M. Webb. Voici les idées qui m’ont surtout frappé à la lecture[2].

Ce qui fait qu’en s’appliquant beaucoup, on avance peu dans la connaissance de la peinture, c’est qu’on voit trop de tableaux. N’en voyez qu’un très-petit nombre d’excellents ; pénétrez-vous de leur beauté ; admirez-les, admirez-les sans cesse, et tâchez de vous rendre compte de votre admiration.

  1. L’ouvrage de Webb est intitulé Recherches sur les beautés de la Peinture ; il a été traduit de l’anglais par M. B*** (Bergier, frère du théologien), Paris, Briasson, 1765, in- 12. (Br.)
  2. On ne trouve, dans l’ouvrage de Webb, qu’une très-petite partie des pensées que Diderot lui attribue ici ; encore n’y sont-elles pas présentées sous la forme qu’elles ont prise en passant dans son imagination. C’est un livre qu’il a refait à sa manière, et dans lequel il a vu tout ce qui n’était que dans sa tête. Ce n’est pas le seul exemple qu’on en trouve dans les divers extraits qu’il faisait pour la Correspondance de Grimm. (N.)