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ENCYCLOPÉDIE.

j’ai fait, et de distinguer, avec votre capacité ordinaire, ce qui nous appartient à l’un et à l’autre. Je ne doute point que messieurs de l’Encyclopédie que vous connaissez ne soient fort bons chrétiens : il est bien difficile que cela soit autrement, quand on est de vos amis ; et c’est pour cela que j’ambitionne d’être du nombre. Leurs noms, comme vous l’observez, auraient sans doute jeté un grand éclat sur le mien : cette réflexion est trop juste et trop vraie pour être désobligeante ; mais le premier volume de l’Encyclopédie ne vous laissera là-dessus rien à désirer : en attendant qu’il paraisse, je me contenterai d’honorer quelquefois mon nom par la splendeur du vôtre, puisque vous voulez bien m’en accorder la permission. Vous prétendez que, pour former une Encyclopédie, cinquante savants n’auraient pas suffi si vous aviez été du nombre ; et vous vous fâchez presque de ce que je ne vous en ai pas fait le compliment. Je m’en rapporte à vous, mon Révérend Père, ne valait-il pas mieux que vous vous chargeassiez de ce soin que moi ? J’avais dessein de joindre à cette lettre un article du Dictionnaire, comme je vous l’avais promis ; mais vous êtes si exact à faire réponse, qu’il y aurait conscience à vous faire attendre la mienne ; ce sera pour ma troisième lettre. Le morceau que je vous destine est Analyse ; vous auriez fort de vous plaindre que je ne vous choisis pas des articles intéressants[1]. J’attends toujours votre jugement sur l’article Art et vos mémoires sur l’article Continuation.


J’ai l’honneur d’être, mon Révérend Père, etc.


À Paris, ce 2 février 1751, à neuf heures du soir,
en recevant votre journal.
  1. Les articles Analyse et Continuation sont de d’Alembert.