Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XIII.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
MISCELLANEA ARTISTIQUES

sépare, est si grand, qu’ils en paraissent mesquins et petits, la Vierge surtout. Le sculpteur n’a pas su établir entre cet espace et ses figures le vrai rapport qui convenait, ou il est tombé dans ce défaut, en voulant ménager à travers le percé, la vue d’un Christ placé dans le Calvaire, qui est au delà. Du moins c’est ainsi qu’on peut le défendre.

A gauche de cet autel on a placé une statue en plomb bronzé qui représente David, et à droite une autre qui représente le prophète Isaïe.

J’en suis fâché pour M. Falconet ; mais son David est lourd et ignoble. C’est un gros charretier couvert de la blaude mouillée et appuyé sur une harpe.

Pour son Isaïe, il m’a paru très-beau. Son regard et son geste sont d’un inspiré qui lit dans l’avenir des temps. J’aime sa grossière et large draperie ; j’aime son tour de tête, le jet de sa barbe, la maigreur de ses joues creuses, sa chevelure hérissée, sa contenance effarée et le lambeau d’étoffe qui vient envelopper en désordre le haut de sa tête. C’est le Moïse du Poussin qui montre aux Israélites mourants le serpent d’airain. Cet Isaïe a bien l’air de ces hommes faits pour en imposer aux peuples et même pour s’en imposer à eux-mêmes.

Une Gloire faite de têtes de chérubins, de nuées et de faisceaux de lumière qui s’échappent en tous sens, remplit une portion du haut du percé de l’arcade, et lie la scène qui se passe sur l’autel avec la peinture de la coupole.

Il y a dans ces trois objets : l’Annonciation en figures de ronde-bosse, la Gloire qui ne pouvait être qu’une espèce de bas-relief, et la coupole qui n’est qu’une surface peinte, une dégradation de vérité qui m’a fait plaisir. Les figures de ronde bosse sont moins poétiques et plus réelles que la Gloire, la Gloire moins poétique et plus réelle que la coupole.

On a peint à la coupole une Assomption de la Vierge. Quelques connaisseurs auraient désiré qu’on eût fait du tout un seul et unique sujet ; qu’on eût vu à la coupole un Père éternel au milieu des prophètes, regardant au-dessous de lui l’accomplissement du grand mystère sur la terre ; et il est sûr que cela eût été mieux. Au reste si c’est là un défaut, il est peu senti, et s’il l’était davantage, rien ne serait plus aisé que de le réparer, même en rendant la coupole plus belle. Il n’y aurait qu’à