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PHILOSOPHIE OU SCIENCE.
I. Science de Dieu. — II. Science de l’homme.
III. Science de la nature.

I. Science de Dieu. — Le progrès naturel de l’esprit humain est de s’élever des individus aux espèces, des espèces aux genres, des genres prochains aux genres éloignés, et de former à chaque pas une science ; ou du moins d’ajouter une branche nouvelle à quelque science déjà formée, ainsi la notion d’une intelligence incréée, infinie, etc., que nous rencontrons dans la Nature, et que l’Histoire sacrée nous annonce ; et celle d’une intelligence créée, finie et unie à un corps que nous apercevons dans l’homme, et que nous supposons dans la brute, nous ont conduits à la notion d’une intelligence créée, finie, qui n’aurait point de corps ; et de là, à la notion générale de l’esprit. De plus les propriétés générales des êtres, tant spirituels que corporels, étant l’existence, la possibilité, la durée, la substance, l’attribut, etc., on a examiné ces propriétés, et on a formé l’Ontologie, ou Science de l’être en général. Nous avons donc eu dans un ordre renversé, d’abord l’Ontologie ; ensuite la Science de l’esprit, ou la Pneumatologie, ou ce qu’on appelle communément Métaphysique particulière ; et cette science est distribuée en Science de Dieu, ou Théologie naturelle qu’il a plu à Dieu de rectifier et de sanctifier par la Révélation, d’où Religion et Théologie proprement dite ; d’où, par abus, Superstition. En doctrine des esprits bien et malfaisants, ou des Anges et des Démons ; d’où Divination, et la chimère de la Magie noire. En Science de l’Âme qu’on a subdivisée en Science de l’Âme raisonnable qui conçoit, et en Science de l’Âme sensitive, qui se borne aux sensations.

II. Science de l’homme. La distribution de la science de l’homme nous est donnée par celle de ses facultés. Les facultés principales de l’homme sont l’entendement et la volonté ; l’entendement, qu’il faut diriger à la vérité ; la volonté, qu’il faut plier à la vertu. L’un est le but de la Logique ; l’autre est celui de la Morale.

La logique peut se distribuer en Art de penser, en Art de retenir ses pensées, et en Art de les communiquer.