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manquer ici. Un seul art, dont on voudrait tout dire et tout représenter, fournirait des volumes de discours et de planches. On ne finirait jamais si l’on se proposait de rendre en figures tous les états par lesquels passe un morceau de fer avant que d’être transformé en aiguilles. Que le discours suive le procédé de l’artiste dans le dernier détail ; à la bonne heure. Quant aux figures, nous les avons restreintes aux mouvements importants de l’ouvrier, et aux seuls moments de l’opération, qu’il est très-facile de peindre et très-difficile d’expliquer. Nous nous en sommes tenus aux circonstances essentielles ; à celles dont la représentation, quand elle est bien faite, entraîne nécessairement la connaissance de celles qu’on ne voit pas. Nous n’avons pas voulu ressembler à un homme qui ferait planter des guides à chaque pas dans une route, de crainte que les voyageurs ne s’en écartassent : il suffit qu’il y en ait partout où ils seraient exposés à s’égarer.

Au reste, c’est la main-d’œuvre qui fait l’artiste ; et ce n’est point dans les livres qu’on peut apprendra à manœuvrer. L’artiste rencontrera seulement dans notre ouvrage des vues qu’il n’eût peut-être jamais eues, et des observations qu’il n’eût faites qu’après plusieurs années de travail. Nous offrirons au lecteur studieux ce qu’il eût appris d’un artiste en le voyant opérer pour satisfaire sa curiosité ; et à l’artiste, ce qu’il serait à souhaiter qu’il apprît du philosophe pour s’avancer à la perfection.

Nous avons distribué, dans les sciences et dans les arts libéraux, les figures et les planches, selon le même esprit, et avec la même économie que dans les arts mécaniques ; cependant nous n’avons pu réduire le nombre des unes et des autres à moins de six cents. Les deux volumes qu’elles formeront ne seront pas la partie la moins intéressante de l’ouvrage, par l’attention que nous aurons de placer, au verso d’une planche, l’explication de celle qui sera vis-à-vis, avec des renvois aux endroits du dictionnaire, auxquels chaque figure sera relative. Un lecteur ouvre un volume de planches ; il aperçoit une machine qui pique sa curiosité : c’est, si l’on veut, un moulin à poudre, à papier, à soie, à sucre, etc. Il lira vis-à-vis, fig. 50, 51 ou 60, etc., moulin à poudre, moulin à sucre, moulin à papier, moulin à soie, etc. ; il trouvera ensuite une