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bibliothèques publiques, cabinets particuliers, recueils, portefeuilles, etc. ; tout nous a été ouvert, et par ceux qui cultivent les lettres, et par ceux qui les aiment. Un peu d’adresse et beaucoup de dépenses ont procuré ce qu’on n’a pu obtenir de la pure bienveillance ; et les récompenses ont presque toujours calmé ou les inquiétudes réelles, ou les alarmes simulées de ceux que nous avions à consulter.

Nous sommes principalement sensibles aux obligations que nous avons à M. l’abbé Sallier, garde de la Bibliothèque du Roi : aussi n’attendrons-nous pas pour l’en remercier que nous rendions, soit à nos collègues, soit aux personnes qui ont pris intérêt à notre ouvrage, le tribut de louanges et de reconnaissance qui leur est dû. M. l’abbé Sallier nous a permis, avec cette politesse qui lui est naturelle, et qu’animait encore le plaisir de favoriser une grande entreprise, de choisir dans le riche fonds dont il est dépositaire tout ce qui pouvait répandre de la lumière ou des agréments sur notre Encyclopédie. On justifie, nous pourrions même dire qu’on honore le choix du prince, quand on sait se prêter ainsi à ses vues. Les sciences et les beaux-arts ne peuvent trop concourir à illustrer, par leurs productions, le règne d’un souverain qui les favorise : pour nous, spectateurs de leur progrès, et leurs historiens, nous nous occuperons seulement à les transmettre à la postérité. Qu’elle dise, à l’ouverture de notre dictionnaire : Tel était alors l’état des sciences et des beaux-arts ; qu’elle ajoute ses découvertes à celles que nous aurons enregistrées, et que l’histoire de l’esprit humain et de ses productions aille d’âge en âge jusqu’aux siècles les plus reculés. Que l’Encyclopédie devienne un sanctuaire où les connaissances des hommes soient à l’abri des temps et des révolutions. Ne serons-nous pas trop flattés d’en avoir posé les fondements ! Quel avantage n’aurait-ce pas été pour nos pères et pour nous, si les travaux des peuples anciens, des Égyptiens, des Chaldéens, des Grecs, des Romains, etc., avaient été transmis dans un ouvrage Encyclopédique, qui eût exposé en même temps les vrais principes de leurs langues ! Faisons donc pour les siècles à venir ce que nous regrettons que les siècles passés n’aient pas fait pour le nôtre. Nous osons dire que si les anciens eussent exécuté une Encyclopédie comme ils ont exécuté tant de grandes choses, et que ce