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d’une manière vague, souvent infidèle, et presque toujours confuse ; en sorte que, dans les différentes parties dont un article est composé, on ne sait exactement quel auteur on doit consulter sur tel ou tel point, ou s’il faut les consulter tous ; ce qui rend la vérification longue et pénible. On s’est attaché, autant qu’il a été possible, à éviter cet inconvénient, en citant dans le corps même des articles les auteurs sur le témoignage desquels on s’est appuyé ; rapportant leur propre texte quand il est nécessaire, comparant partout les opinions, balançant les raisons, proposant des moyens de douter ou de sortir de doute, décidant même quelquefois, détruisant autant qu’il est en nous les erreurs et les préjugés, et tâchant surtout de ne les pas multiplier et de ne les point perpétuer, en protégeant sans examen des sentiments rejetés, ou en proscrivant sans raison des opinions reçues. Nous n’avons pas craint de nous étendre, quand l’intérêt de la vérité et l’importance de la matière le demandaient, sacrifiant l’agrément toutes les fois qu’il n’a pu s’accorder avec l’instruction.

L’empire des sciences et des arts est un monde éloigné du vulgaire, où l’on fait tous les jours des découvertes, mais dont on a bien des relations fabuleuses. Il était important d’assurer les vraies, de prévenir sur les fausses, de fixer des points d’où l’on partît, et de faciliter ainsi la recherche de ce qui reste à trouver. On ne cite des faits, on ne compare des expériences, on n’imagine des méthodes que pour exciter le génie à s’ouvrir des routes ignorées, et à s’avancer à des découvertes nouvelles, en regardant comme le premier pas celui où les grands hommes ont terminé leur course. C’est aussi le but que nous nous sommes proposé, en alliant aux principes des sciences et des arts libéraux l’histoire de leur origine et de leurs progrès successifs ; et si nous l’avons atteint, de bons esprits ne s’occuperont plus à chercher ce qu’on savait avant eux. Il sera facile, dans les productions à venir sur les sciences et sur les arts libéraux, de démêler ce que les inventeurs ont tiré de leur fonds d’avec ce qu’ils ont emprunté de leurs prédécesseurs : on appréciera les travaux ; et ces hommes avides de réputation et dépourvus de génie, qui publient hardiment de vieux systèmes comme des idées nouvelles, seront bientôt démasqués. Mais pour parvenir à ces avantages, il a fallu donner à chaque matière une étendue