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NOTICE PRÉLIMINAIRE


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C’est surtout par l’Encyclopédie que Diderot s’est fait connaître de ses contemporains ; cette œuvre de longue haleine a occupé plus de la moitié de sa vie littéraire, lui a procuré les plus grands ennuis, mais a consacré sa réputation en appelant autour de son nom le bruit sans lequel on ne va pas à la postérité. Nous nous étendrons sur ce sujet dans notre étude biographique ; il ne peut s’agir ici que d’un résumé sommaire des péripéties de l’entreprise en elle-même.

La pensée de l’Encyclopédie vint d’abord à quelques libraires, et, suivant l’usage, lesdits libraires, parmi lesquels se trouvaient Le Breton, l’imprimeur de l’Almanach royal, et Briasson, pour lequel Diderot travaillait alors, ne virent pas autre chose là qu’un moyen de faire d’aussi beaux bénéfices qu’en avaient faits leurs confrères d’Angleterre avec l’Encyclopédie de Chambers, dont la vogue avait été, on peut le dire, excessive pour une simple compilation.

Le premier projet consistait seulement en une traduction de l’ouvrage anglais, exécutée par un compatriote de l’auteur, Mills, qui s’était associé Godefroy Sellius, de Dantzick. Ce premier essai avorta. Les libraires s’adressèrent alors à quelques gens de lettres, et entre autres à un homme d’un esprit éclairé, mais incapable de suivre longtemps une même idée, à l’abbé de Gua de Malves, dont Diderot a tracé quelque part le portrait. On dit que cet abbé leur conseilla de ne pas se borner à traduire Chambers, mais à essayer de faire un travail nouveau dans lequel un plan bien conçu et bien dirigé mettrait un peu d’accord et de liaison entre les articles de même nature, que l’ordre alphabétique séparerait forcément. Cela est-il exact ? L’abbé donna-t-il un plan ? Voilà ce qu’il est impossible d’élucider aujourd’hui. Il se pourrait que l’évocation de l’abbé ne fût qu’une des armes employées pour enlever à Diderot une partie de son mérite. Quoi qu’il en soit, l’abbé n’est