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SUR LA PEINTURE.
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Soyez terrible, j’y consens ; mais que la terreur que vous m’inspirez soit tempérée par quelque grande idée morale

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Si tous les tableaux de martyrs, que nos grands maîtres ont si sublimement peints, passaient à une postérité reculée, pour qui nous prendrait-elle ? Pour des bêtes féroces ou des anthropophages.

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Pourquoi est-ce que les ouvrages des Anciens ont un si grand caractère ? C’est qu’ils avaient tous fréquenté les écoles des philosophes.

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Tout morceau de sculpture ou de peinture doit être l’expression d’une grande maxime, une leçon pour le spectateur ; sans quoi il est muet.

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Deux qualités essentielles à l’artiste, la morale et la perspective.

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La plus belle pensée ne peut plaire à l’esprit si l’oreille est blessée[1]. De là, la nécessité du dessin et de la couleur.

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Dans toute imitation de la nature, il y a le technique et le moral. Le jugement du moral appartient à tous les hommes de goût ; celui du technique n’appartient qu’aux artistes.

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Quel que soit le coin de la nature que vous regardiez, sauvage ou cultivé, pauvre ou riche, désert ou peuplé, vous y trouverez toujours deux qualités enchanteresses, la vérité et l’harmonie.

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Transportez Salvator Rosa dans les régions glacées voisines du pôle ; et son génie les embellira.

  1. .....La plus noble pensée
    Ne peut plaire à l’esprit, quand l’oreille est blessée.
    Boileau, Art poétique, vers 111 et 112. (Br.)