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saint-quentin.

Et plus facile encore à prouver. Voulez-vous que nous en fassions essai sur quelques-uns des morceaux même les plus estimés ?

diderot.

Très volontiers.


HALLÉ.


saint-quentin.

Commençons par ce Christ qui fait approcher de lui les petits enfants pour les bénir[1] (1). Où est la douceur et la noblesse qu’il aurait fallu fondre ensemble sur ce visage ?

diderot.

Si ces qualités ne s’y rencontrent jamais et si cette figure est traditionnelle ?

saint-quentin.

C’est-à-dire qu’il fallait continuer de la rendre ignoble, imbécile et plate, parce qu’il est d’usage de la faire ainsi ! Et puis la couleur en est fausse, le dessin lourd, la draperie de réminiscence et sans goût, et cette grimace hideuse est à effrayer les petits enfants. C’est le tableau le plus français que je connaisse ; il est jaune, il est rouge, il est violet. Mais il faut espérer qu’un long séjour dans le pays des grands maîtres le corrigera. Ainsi soit-il.

VIEN.


diderot.

Que trouvez-vous à redire à ce Saint Thibault[2] (3) ? À votre avis, n’est-il pas noblement et sagement composé ? N’est-il pas vigoureux de couleur et d’effet, et les détails n’en sont-ils pas dessinés avec justesse et vérité ?

saint-quentin.

Et c’est là tout ce que vous y voyez ?

  1. Tableau de 10 pieds 6 pouces de haut sur 7 de large, fait pour décorer la chapelle du collège des Grassins.
  2. Tableau de 8 pieds 6 pouces de haut sur 5 pieds 9 pouces de large, destiné à être placé dans la chapelle du Nouveau Trianon.