dessin ; on ne sait ce que c’est. Oh ! la vilaine tête ! n’est-il pas vrai, monsieur Houdon ? Je gage que vous chassez cela de l’Académie et du Salon à coups de pied.)
J’ai peine à me persuader qu’il soit réellement de M. Restout, et si l’Académie l’avait reçu pour ce morceau, je dirais que le proverbe est bien juste : Ce qui est au jugement des hommes est incertain. Le tableau suivant ne me dément pas.
Faible de couleur, sans harmonie, sans intérêt. Un Mercure ignoble, un Jupiter court du corps avec de mauvais bras d’enfant ; trop sévère ; Mercure croqué ; mauvais fond.
Quelle vérité, monsieur, et quelle vigueur dans ce tableau ! Mlle Vallayer nous étonne autant qu’elle nous enchante. C’est la nature rendue ici avec une force de vérité inconcevable et en même temps une harmonie de couleur qui séduit. Tout y est bien vu, bien senti ; chaque objet a la touche du caractère qui lui est propre ; enfin nul de l’école française n’a atteint la force du coloris de Mlle Vallayer ni son fini sans être tâtonné. Elle conserve partout la fraîcheur des tons et la belle harmonie. Quel succès à cet âge ! et pourquoi faut-il que ses grands talents soient autant de reproches que son âge et son sexe font à notre
- ↑ Tableau de 2 pieds de haut sur 1 pied 6 pouces de large.
- ↑ C’est ce tableau qui était le morceau de réception de Restout fils à l’Académie.
- ↑ Mlle Anne Vallayer, plus tard Mme Coster, était née à Paris le 21 décembre 1774 ; reçue académicienne en 1770, sur la présentation de deux tableaux cités dans cet article (no 149), elle mourut à Paris le 27 février 1818.
- ↑ Tableau de 5 pieds sur 4 pieds.