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est attendue. Son cœur palpite ; elle s’arrête. La frayeur se joint au trouble de sa passion ; elle succombe, ses genoux se dérobent sous elle. Elle est trop heureuse de rencontrer les bras de son amant, pour la recevoir et la soutenir ; et ses premiers mots sont : « Est-ce vous ? »

Je crois que les nègres sont moins beaux pour les nègres mêmes, que les blancs pour les nègres et pour les blancs. Il n’est pas en notre pouvoir de séparer des idées que Nature associe. Je changerai d’avis, si l’on me dit que les nègres sont plus touchés des ténèbres que de l’éclat d’un beau jour.

Les idées de puissance ont aussi leur sublimité ; mais la puissance qui menace émeut plus que celle qui protège. Le taureau est plus beau que le bœuf ; le taureau écorné qui mugit, plus beau que le taureau qui se promène et qui paît ; le cheval en liberté, dont la crinière flotte aux vents, que le cheval sous son cavalier ; l’onagre, que l’âne ; le tyran que le roi ; le crime, peut-être, que la vertu ; les dieux cruels que les dieux bons ; et les législateurs sacrés le savaient bien.

La saison du printemps ne convient point à une scène auguste.

La magnificence n’est belle que dans le désordre. Entassez des vases précieux ; enveloppez ces vases entassés, renversés, d’étoffes aussi précieuses : l’artiste ne voit là qu’un beau groupe, de belles formes. Le philosophe remonte à un principe plus secret. Quel est l’homme puissant, à qui ces choses appartiennent, et qui les abandonne à la merci du premier venu ?

Les dimensions pures et abstraites de la matière ne sont pas sans quelque expression. La ligne perpendiculaire, image de la stabilité, mesure de la profondeur, frappe plus que la ligne oblique.

Adieu, mon ami. Bonsoir et bonne nuit. Et songez-y bien, soit en vous endormant, soit en vous réveillant, et vous m’avouerez que le traité du beau dans les arts est à faire, après tout ce que j’en ai dit dans les Salons précédents, et tout ce que j’en dirai dans celui-ci.