Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, X.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui en connussent l’existence. « Je vous prêterai mes Salons, « dit-il à son interlocuteur dans le Paradoxe sur le Comédien. C’est parce qu’il en prêtait ainsi quelquefois la copie, que le lecteur favorisé copiait à son tour, qu’on en eut, onze ans après sa mort, un premier échantillon.

Ce fut en l’an quatrième de la République (1795) que parurent chez Buisson, in-8o, d’après une copie trouvée, dit-on, dans l’armoire de fer, aux Tuileries, les Essais sur la peinture, suivis des Observations sur le Salon de peinture de 1765. En 1798, Naigeon retrancha un s au titre du premier de ces ouvrages, qui devint l’Essai sur la peinture, et y ajouta un chapitre. Il reproduisit le Salon de 1765 et y joignit celui de 1767, avec les Pensées détachées sur la peinture. L’éditeur Belin donna, dans son Supplément aux Œuvres de Diderot (1819), le Salon de 1761 et les cinq dernières Lettres sur le Salon de 1769. Enfin, en 1857, M. Walferdin publia dans la Revue de Paris, t. XXXVIII, XXXIX et XL, les Salons de 1763, de 1771, de 1775 et de 1781, ainsi que les douze premières Lettres sur le Salon de 1769, d’après les copies faites à la Bibliothèque de l’Ermitage, par M. Léon Godard[1].

Quant au Salon de 1759, il se trouve dans la Correspondance de Grimm, t. II. MM. Walferdin et Brière l’ont fait reproduire dans l’Artiste du 9 mars 1845 (4e série, t. III), avec l’intention de le réunir à une édition projetée des Salons. Il en a été fait un tirage à part, à vingt-quatre exemplaires, comme spécimen.

Quoique Diderot fût déjà au nombre des amis de Grimm, au moment où celui-ci prit la direction de la Correspondance littéraire, il ne paraît pas avoir été un collaborateur très-actif de ce recueil avant 1757. Il y est souvent nommé, on cite de ses mots, de ses opinions, mais c’est tout. Le Salon de 1753, qui consiste en une assez courte lettre, n’est certainement pas de sa main. Celui de 1755, qui devrait se trouver dans la lettre d’octobre de cette année, manque comme cette lettre ; quant à celui de 1757, fort court, il est bien de Grimm qui le termine en disant à propos du Sacrifice d’Iphigénie, par Van Loo : « M. Diderot aurait voulu voir Ulysse embrasser Agamemnon dans ce moment terrible, pour lui dérober, par ce mouvement de pitié feinte, l’horreur du spectacle ; cela aurait été admirablement dans le caractère d’Ulysse. Je ne sais si l’effet d’une pensée aussi déliée aurait été assez frappant en peinture. »

La personnalité de Grimm se montre très-clairement ici, à notre

  1. M. Walferdin qui, comme nous l’avons déjà dit, avait pris part à l’édition Brière, promettait alors une édition complète et prochaine, non-seulement des Salons, mais des Œuvres de Diderot. Personne ne regrette plus que nous qu’il n’ait pas donné suite à ce projet. Diderot, le public et nous-même, y aurions certainement gagné. Les Salons conservés à l’Ermitage ont été en outre communiqués, en 1861, à M. le professeur K. Rosenskranz, que nous avons déjà cité souvent.