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GO L’HISTOIRE ET LE SECRET

et qu’il y a telle précaution à la faveur de laquelle elles ne la perdraient presque jamais. En conséquence ils rejettent une manière de peindre inutile, incommode, et c{ui n’en serait pas davantage Y Encaustique des Anciens, pour en avoir le nom. Mais afin de rendre à chacun selon ses œuvres, nous ne finirons pas ce que nous avions à dire de la peinture en cire dissoute par l’essence de térébenthine, sans remarquer qu’à peine M. de Montamy * eût-il entendu parler du tableau de M. le comte de Gaylus, qu’il en soupçonna le secret, et qu’il montra de la cire dissoute par l’essence de térébenthine à tous ceux qui voulurent en voir, sans toutefois avouer à personne comment cette dissolution se faisait.

Kous pouvons maintenant passer à des choses plus importantes, dont M. Bachelier ne partage l’honneur avec personne, quoiqu’il soit vrai que M. de Montamy ait découvert son secret en assez peu de temps, comme il avait découvert celui de M. le comte de Gaylus.

III.

L’essence de térébenthine noircit les couleurs, gâte l’efTet du tableau, et en rend la touche aride. Les grands maîtres de ce pays-ci ne s’en servent jamais qu’à leur corps défendant ; les Italiens en ignorent absolument l’usage dans la peinture. D’ailleurs, Vinustion étant le caractère distinctif de YEncaustique des Anciens, et M. Bachelier n’apercevant rien dans toute son opération qui répondît à ce caractère, il se détermina à pousser plus loin ses recherches.

Il vit du premier coup d’œil combien il serait à souhaiter, pour la perfection de la peinture en cire, qu’on rendît cette substance soluble dans l’eau. Il consulta là-dessus un fameux chimiste de l’Académie, qui, pour toute réponse à ses cfuestions, lui dit ({iil était fou. Un autre chimiste lui en dit autant, quoiqu’il ne fût pas de l’Académie.

Cela ne découragea point M. Bachelier ; il avait quelque tein-

1. M. de Montamy, premier maître d’hôtel de M. le duc d’Orléans, un des bons chimistes de ce pays-ci, et un dos plus honnêtes hommes du monde. (D.) — Diderot a été l’éditeur du Traité des Couleurs pour la peinture en émail et sur la porcelaine, ouvrage posthume de M. d’Arclais de Montamy ; Paris. Cavolier, 1765. Le privilège du Roi est à son nom ; il en lit cession à Cavelier le 13 août 1765.