C’est lui qui a porté le coup mortel à la bonne gravure parmi nous, par une manière qui lui est propre, dont l’effet est séduisant, et que tous les jeunes élèves se sont efforcés d’imiter inutilement. Il a publié :
- ↑ Jacques-Philippe Le Bas (Paris, 1707-1783), élève d’Hérisset. Il était alors académicien.
déchire un grand voile qui dérobait un nombreux cortège de vertus désignées par leurs attributs ; à droite et à gauchec, il y a les lambeaux du voile déchiré. Cette idée est ingénieuse. L’auteur a demandé à M. Diderot une inscription pour cette estampe, et celui-ci lui a donné à choisir entre les trois suivantes :
Scindit se nubes, et in aethera purgat apertum.
C’est ce que Virgile dit d’Énce, lorsque, le nuage s’étant ouvert, il parut aux yeux des Carthaginois.
Ou bien celle-ci, qui paraît faite exprès pour l’estampe :
…Vélum
Scinditur, et vitae gloria morte patet.
(Vers d’AUSONE.)
Ou bien ce vers-ci, de la fabrique du philosophe :
La mort a révélé le secret de sa vie.
Ce vers me paraît aussi beau que simple.
L’inscription qu’on a faite pour le mausolée du comte de Caylus est d’un caractère un peu différent. Vous savez que ce célèbre amateur a ordonné, par son testament, de mettre sur sa tombe une urne étrusque, sans autres accessoires. La fabrique de la paroisse Saint-Germain-l’Auxerrois s’occupe actuellement de ce monument, et l’agent de la fabrique, ayant trouvé l’autre jour un philosophe dans la rue, lui dit : « Vous devriez bien nous donner une inscription pour l’urne du comte de Caylus. — Eh bien lui répond tout aussitôt le philosophe *, mettez-y ces deux vers :
« Ci-gît un antiquaire acariâtre et brusque.
« Ah ! qu’il est bien logé dans cette cruche étrusque ! »
(Note de Grimm.)
* Nous savons que ce philosophe est Diderot, qui avoue lui-même cette boutade dans une lettre à Falconet, en ces termes : « Si l’on vous dit que ces deux vers sont de moi, c’est une médisance. » — On les a attribués aussi à Marmontel.