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fleurs, des plantes et mille ouvrages de la nature dont l’usage nous est inconnu.

Je sais qu’il n’y a aucune des difficultés que je viens de proposer contre le système que je combats, à laquelle on ne puisse répondre : mais je pense que ces réponses seraient plus subtiles que solides.

Il suit de ce qui précède, que Platon s’étant moins proposé d’enseigner la vérité à ses disciples, que de désabuser ses concitoyens sur le compte des sophistes, nous offre dans ses ouvrages, à chaque ligne, des exemples du beau, nous montre très-bien ce que ce n’est point, mais ne nous dit rien de ce que c’est.

Que saint Augustin a réduit toute beauté à l’unité ou au rapport exact des parties d’un tout entre elles, et au rapport exact des parties d’une partie considérée comme tout, et ainsi à l’infini ; ce qui me semble constituer plutôt l’essence du parfait que du beau.

Que M. Wolff a confondu le beau avec le plaisir qu’il occasionne, et avec la perfection, quoiqu’il y ait des êtres qui plaisent sans être beaux, d’autres qui sont beaux sans plaire ; que tout être soit susceptible de la dernière perfection, et qu’il y en ait qui ne sont pas susceptibles de la moindre beauté : tels sont tous les objets de l’odorat et du goût, considérés relativement à ces sens.

Que M. Crousaz, en chargeant sa définition du beau, ne s’est pas aperçu que plus il multipliait les caractères du beau, plus il le particularisait ; et que s’étant proposé de traiter du beau en général, il a commencé par en donner une notion, qui n’est applicable qu’à quelques espèces de beaux particuliers.

Que Hutcheson qui s’est proposé deux objets, le premier, d’expliquer l’origine du plaisir que nous éprouvons à la présence du beau ; et le second, de rechercher les qualités que doit avoir un être pour occasionner en nous ce plaisir individuel, et par conséquent nous paraître beau, a moins prouvé la réalité de son sixième sens, que fait sentir la difficulté de développer sans ce secours la source du plaisir que nous donne le beau ; et que son principe de l’uniformité dans la variété n’est pas général ; qu’il en fait aux figures de la géométrie, une application plus subtile que vraie, et que ce principe ne s’applique point du