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Quand j’ai regardé ce morceau, que j’y ai aperçu quelque dessin, un peu de couleur, un grand travail, et que je me suis dit : Cela est détestable, j’ai ajouté tout de suite : Ah ! que l’art de peindre est un art difficile !




SCULPTURE.


Si j’ai été long sur les peintres, en revanche je serai court sur les sculpteurs, et je n’aurai pas un mot à dire de nos graveurs.


FALCONET.


Ô la chose précieuse que ce petit groupe de Falconet ! Voilà le morceau que j’aurais dans mon cabinet, si je me piquais d’avoir un cabinet. Ne vaudrait-il pas mieux sacrifier tout d’un coup ? … Mais laissons cela. Nos amateurs sont des gens à breloques ; ils aiment mieux garnir leurs cabinets de vingt morceaux médiocres que d’en avoir un seul et beau.

Le groupe précieux dont je veux vous parler, il est assez inutile de vous dire que c’est le Pygmalion aux pieds de sa statue qui s’anime (no 165). Il n’y a que celui-là au Salon, et de longtemps il n’aura de second.

La nature et les Grâces ont disposé de l’attitude de la statue. Ses bras tombent mollement à ses côtés ; ses yeux viennent de s’entr’ouvrir ; sa tête est un peu inclinée vers la terre ou plutôt vers Pygmalion qui est à ses pieds ; la vie se décèle en elle par un souris léger qui effleure sa lèvre supérieure. Quelle innocence elle a ! Elle est à sa première pensée : son cœur commence à s’émouvoir, mais il ne tardera pas à lui palpiter. Quelles mains ! quelle mollesse de chair ! Non, ce n’est pas du marbre ; appuyez-y votre doigt, et la matière qui a perdu sa dureté cédera à votre impression. Combien de vérité sur ces côtes ! quels pieds ! qu’ils sont doux et délicats !

Un petit Amour a saisi une des mains de la statue qu’il ne